Cloud et sécurité : mythes et réalités (partie 1)

La sécurité est un sujet récurrent lorsque l’on parle de Cloud, à tel point qu’elle est devenue pour de nombreux fournisseurs un argument de vente.

En particulier, la question de la protection des données transmises, traitées et sauvegardées apparaît comme cruciale. Ces points préoccupent aujourd’hui les experts techniques, les managers d’information, et parfois même les directions des entreprises.

Le Cloud est-il sûr ? Que risque-t-on en l’adoptant ? Comment y assurer la sécurité de ses données ?

Un service moins cher n’est pas forcément moins sécurisé

Il faut voir les risques liés au Cloud comme proches de ceux existants sur l’externalisation et la virtualisation avec en particulier la perte de contrôle de ses données et les risques liés aux technologies utilisées (virtualisation des systèmes et des réseaux, automatisation d’un certain nombre de tâches, etc.).

Pourtant, de manière générale, nous constatons en France que le niveau moyen de sécurité des services Cloud est au-dessus du niveau moyen de sécurité des entreprises. Plusieurs facteurs expliquent cela.

Le fait de fournir un service informatique à l’état de l’art (et donc sécurisé) est le métier des acteurs du Cloud. Chez la plupart d’entre eux, la mise en place et le respect des procédures de sécurité fait l’objet d’une attention particulière. Par ailleurs, ils proposent un service industrialisé à de nombreux clients : les bonnes pratiques exigées par l’un peuvent souvent être appliquées à tous.

Ces fournisseurs sont, enfin, plus exposés que la moyenne des entreprises, et ont de vrais enjeux en termes d’image : la découverte de faiblesses de sécurité amène en général à une correction rapide.

Inversement, si un mécanisme de sécurité n’est pas offert par un fournisseur (de base ou en option), il sera malheureusement difficile de l’obtenir : en sécurité comme pour les autres fonctionnalités, les offres Cloud manquent souvent de souplesse.

Attention cependant, contrairement à une idée répandue, toutes les offres Cloud ne se valent pas : de véritables différences peuvent exister d’un fournisseur à un autre.

Des outils dédiés existent pour évaluer ses risques de sécurité

D’un point de vue sécurité, la démarche est celle – classique – de l’analyse de risque. Le but est ici d’accompagner les projets de mise en œuvre ou de migration vers le Cloud, et pas de les interdire.

Dans le cas du Cloud, un outillage spécifique commence à apparaître pour réaliser cette analyse. En France, l’ANSSI (Agence Nationale de  la Sécurité des Systèmes d’Information) a publié  un guide1 pour accompagner les démarches de type Cloud computing. Au niveau européen, l’ENISA (European Network and Information Security Agency) fournit une analyse2 générique mais complète des risques liés au Cloud.

Outre-Atlantique, l’association Cloud Security Alliance regroupant les acteurs majeurs du Cloud a mis au point son outil Cloud Controls Matrix3, qui permet de comparer de nombreux fournisseurs sur des critères de sécurité très précis. Si elle est basée sur les seules déclarations desdits fournisseurs, cette matrice peut néanmoins s’avérer utile.

Les comparaisons théoriques  ne suffisent pas

Il est parfois difficile de distinguer ce qui est présenté de ce qui est fait en réalité en termes de sécurité. Plusieurs critères permettent d’évaluer les fournisseurs.

Ils peuvent tout d’abord se prévaloir de différentes certifications : ISO 27001 (très adoptée et quasiment obligatoire aujourd’hui) et ISAE 3402/SAE 16 (très adoptées également, requises pour les groupes cotés aux États-Unis, dans la ligne de SOX). Des démarches spécifiques existent aussi dans certains domaines, comme pour les données de santé en France, ou PCI-DSS pour les données de cartes bancaires.

Pour autant, ces certifications ne sont pas toujours une assurance d’un niveau de sécurité adapté. Lors de la phase de choix des fournisseurs ou durant le projet, il apparaît nécessaire de poser des questions très précises, sans laisser de place à des réponses trop larges ou ambiguës.

Un certain nombre d’acteurs du Cloud accepteront d’ailleurs de fournir des détails sur le fonctionnement de leur solution, après signature d’un accord de non-divulgation. Des visites de datacenters sont aussi toujours très instructives, et permettent parfois de se forger un avis sur la maturité du niveau de sécurité de l’offre proposée.

Certains fournisseurs sont réticents à fournir des informations très précises préalablement à la signature du contrat, ils peuvent alors proposer l’ajout d’une clause permettant de dénoncer le contrat ultérieurement. Mais attention à ce mécanisme, une fois la mise en œuvre démarrée, faire marche arrière est presque impossible…

Enfin, la possibilité de contrôler le prestataire Cloud est un critère intéressant. Sa capacité à accepter un audit diligenté par ses clients est en effet une preuve de transparence, voire de confiance en son propre niveau de sécurité.

: ANSSI – Externalisation, Cloud Computing : maîtriser les risques pour les systèmes d’information (http://www.ssi.gouv.fr/externalisation/)  

: ENISA  – Cloud Computing Security Risk Assessment (http://www.enisa.europa.eu/activities/risk-management/)

: Cloud Security Alliance Cloud Controls Matrix (https://cloudsecurityalliance.org/research/ccm/)

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