L’échéance pour la mise en œuvre de la réforme Solva 2 a été fixée au 1er janvier 2014 suite à une nouvelle directive.
Comment être prêt ?
Une mise en œuvre à gérer comme un grand programme de transformation
Comme évoqué précédemment, Solva 2 implique des transformations majeures pour l’entreprise et les chantiers sont très lourds : implémentation de nouvelles normes et méthodes dans la définition des calculs techniques, comptables et financiers avec des impacts majeurs sur les systèmes d’information « SI de gestion, SI financier, SI Comptable et SI décisionnel », intégration de nouveaux processus et missions Solvabilité 2 dans l’organisation, mise en place de nouveaux reporting, sensibilisation de tous les acteurs impactés par la réforme.
Solva 2, principaux défis pour les assureurs (source Eveho Conseil)
Bien entendu les assureurs sont déjà en train d’y travailler puisque la date initiale d’entrée vigueur était fixée au 1er novembre 2009. À titre d’exemple, plus de 140 personnes sont actuellement mobilisées sur ce sujet chez un grand assureur français chez lequel nous intervenons.
Vu sa complexité la mise en œuvre de Solva 2 doit se gérer comme tout grand programme de transformation. Au regard de récents retours d’expérience auprès du Groupe Humanis, MGP, April, AG2R La Mondiale (…), il y a 3 facteurs clés de succès :
Premièrement, intégrer les trois piliers dans le cadre d’un même pilotage global de programme. Cela permet notamment de mieux coordonner les chantiers avec de nombreux impacts croisés sur les différents piliers et d’embarquer tous les acteurs concernés dans une même dynamique projet.
Organisation du projet Solvabilité II (Source Eveho Conseil)
Second facteur clé de succès, organiser les chantiers en fonction des principaux défis à relever : organisation et processus, SI/Outils, Conduite du changement (…). Cela permet de conserver une cohérence d’ensemble et de traiter l’ensemble des exigences des 3 piliers à la fois.
Enfin, comme dans tout projet de transformation la conduite du changement est cruciale. Il faut non seulement communiquer largement auprès des acteurs impliqués dans la mise en place du Projet S2, mais aussi faire monter en compétences les collaborateurs sur les nouveaux processus S2. A ce titre, nous animons des formations plénières S2 et développons actuellement un module de E-learning « Solva 2 pour tous » traitant les impacts de Solvabilité au sein de chaque direction.
Par ailleurs, la réforme peut constituer un puissant levier pour diffuser la culture du risque au sein des entreprises. C’est également, adopter un nouvel outil permettant de mieux appréhender son environnement et améliorer la connaissance de son organisme permettant ainsi de faciliter les prises de décisions stratégiques et les investissements.
Une réforme qui fait encore débat mais à laquelle il faut se préparer
Certains points de la réforme continuent de faire débat, ce qui explique les reports successifs de la date de mise en application (notamment le calibrage de la formule de calcul, les états de reporting,..).
L’ambition initiale de l’Union Européenne en mettant en place Solvency 2 était d’homogénéiser le marché de l’assurance et éviter des distorsions de concurrence induites par des écarts législatifs et mais aussi, et surtout, de mieux garantir la solvabilité des assureurs pour apporter plus de sécurité aux assurés.
C’est l’approche « hyper-prudentielle » des mesures d’application qui fait débat. Les mesures d’application vont déterminer l’impact réel de la réforme. Pour se faire une idée, la Commission conduit des QIS (études quantitatives d’impact) qui testent les exigences quantitatives auprès des assureurs qui entrent dans le Pilier 1 de la réforme. Le QIS 5 a été lancé en août 2010, et sur le marché français nous constatons un taux de couverture de 175%.
Les assureurs européens au premier rang desquels les français soulignent l’impact négatif que pourra avoir la Directive sur le financement des entreprises et l’économie en général. Avec d’un côté une hausse des prix annoncée, selon la FFSA (fédération française des sociétés d’assurances), de 5 à 20% pour l’assurance dommage et une baisse de 30 à 50% du rendement de l’épargne retraite avec des conséquences sur le pouvoir d’achat des retraités. À cela s’ajoutent moins d’investissements de long terme en actions et obligations, et donc moins de soutien aux entreprises, notamment les PME.
Dans un entretien accordé début juillet 2012, le PDG d’ALLIANZ France indiquait ainsi « Si l’on considère que l’assurance vie est fondamentale pour répondre aux besoins de revenus futurs face aux questions d’allongement de la vie humaine, et qu’elle a un rôle à jouer dans le financement de long terme comme dans des investissements qui soutiennent la croissance, il faut adapter Solvabilité 2 ».
Des pays comme l’Allemagne avancent que la crise financière que nous traversons n’est pas le moment idéal et font pression pour repousser la date jusqu’en 2018.
En d’autres termes, l’histoire n’est pas finie… mais les assureurs doivent néanmoins être prêts.
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