Le Réseau Social d’Entreprise : un outil digital de collaboration
Les Réseaux Sociaux d’Entreprise ont fait leur apparition dans les années 2000. L’essor des réseaux sociaux dans la sphère privée ainsi que l’arrivée progressive de collaborateurs de la génération Y sur le marché du travail, ont amené les dirigeants à s’intéresser en masse à cet outil et à ses usages.
Aujourd’hui, 70% des entreprises ont expérimenté les technologies sociales dont le Réseau Social d’Entreprise est le fer de lance.
Avec quels objectifs les entreprises se lancent-elles dans la mise en place de réseaux sociaux d’entreprise ? Quels sont les freins observés ? Et comment les dépasser ?
Des fonctionnalités nombreuses et éprouvées
Un réseau social d’entreprise est un outil de communication, pouvant être accessible aux collaborateurs ou ouvert à des partenaires externes. Il vise à favoriser la communication et l’interaction entre les collaborateurs ou entre des groupes de collaborateurs.
Les fonctionnalités développées par un RSE peuvent varier d’un éditeur à un autre, et d’une entreprise à une autre selon la nature de ses besoins. Aujourd’hui sur le marché des réseaux sociaux d’entreprises, des multinationales, renommées comme Microsoft, IBM ou encore salesforce.com côtoient de plus petits développeurs à l’instar de Zyncro ou Liferay.
On retrouve de manière générale des fonctionnalités similaires à celles des réseaux sociaux privés (profil personnalisé, messagerie instantanée, fil d’actualité…) et d’autres spécifiques au contexte professionnel. Il est ainsi possible d’accéder à un organigramme dynamique de l’entreprise permettant d’identifier les groupes de sachants répondant au mieux à son besoin. La notion de communauté est également primordiale dans un réseau social d’entreprise. Elle offre la possibilité de fédérer des acteurs autour d’une thématique ou d’un projet. Ceci offre plus de souplesse et de transversalité permettant de s’affranchir de certaines barrières hiérarchiques et de sortir des silos habituels pour fluidifier la communication et concentrer plus d’énergie sur le partage de connaissances et non sur sa recherche.
Un succès qui reste pourtant timide
Ces outils ont fait leurs preuves dans la sphère privée avant d’intégrer le monde professionnel (l’extraordinaire croissance du nombre d’utilisateurs de Facebook en est un bon témoin : création en 2004 et 1,23 milliard d’utilisateurs 10 ans plus tard). Pour autant, d’après une étude menée en 2013 par le Gartner seuls 10% des projets de mise en place de réseaux sociaux d’entreprise peuvent être considérés comme une réussite au regard de la valeur apportée au métier.
Comment peut-on expliquer cette différence entre les attentes des directions d’entreprises et la réalité ?
Un des premiers obstacles réside sans doute dans le degré d’appropriation des outils digitaux par les utilisateurs. Sans pour autant pouvoir être identifiée comme l’unique cause de l’échec, la non appropriation des outils digitaux par les collaborateurs s’est révélée être un obstacle bloquant dans l’implémentation de réseaux social d’entreprise dans certains cas. Cependant l’entreprise a su trouver des moyens pour combler ce manque de connaissance : de la formation présentielle au plus récent reverse mentoring en passant par les nouvelles formes de formation amenées par le digital.
Quelques facteurs clés de succès
L’implémentation d’un RSE doit également se faire pour un projet d’entreprise et non pour l’outil en lui-même. Les enjeux seront donc propres à chaque entreprise. La phase de préparation du RSE (choix de l’outil selon les fonctionnalités, structuration de l’outil, préparation du contenu) est une étape à ne pas sous-estimer. En effet, celle-ci est garante de l’adéquation entre l’objectif de l’entreprise, ses enjeux, et l’intégration du RSE au sein des métiers. Elle devra être réfléchie selon le type de métier, le rythme et les acteurs impactés pour que cela devienne un outil porteur de sens et non un outil redondant (doublon avec les informations de l’intranet par exemple) ou superflu. C’est uniquement lorsque cette adéquation est faite que l’entreprise pourra en tirer profit. Une des bonnes pratiques étant de le coupler à un cas d’usage, un objectif visible pour les collaborateurs : construction d’un plan stratégique, remontées d’informations terrains, création d’une identité visuelle…
Enfin, les entreprises doivent être prêtes à s’investir dans l’implémentation du RSE. A la création, les entreprises doivent s’attacher à développer et adapter l’outil à leur environnement : développer et insérer le contenu, créer les communautés, choisir les community managers adaptés pour les faire vivre… Les entreprises doivent donc être prêtes à investir du temps, et donc de l’argent, au début du réseau social, mais aussi tout au long de son cycle de vie. En effet, un effort de mise à jour récurrente (mensuelle voir hebdomadaire) est nécessaire que ce soit pour trier, synthétiser, adapter les informations ou adapter le réseau social à l’évolution de l’entreprise (nouveau projet, nouvelles technologies…).
Une conduite du changement nécessaire pour lever des obstacles avant tout sociaux
Comme tout projet, la mise en place d’un RSE s’accompagne d’une conduite du changement. En effet, le RSE requiert l’adoption de nouvelles pratiques et d’usages particuliers : aplanissements de l’organigramme, fluidification de la communication, transversalité…
De nombreux leviers existent permettant de faciliter l’adoption de ces évolutions culturelles. Ainsi le recours à un réseau « d’évangélisateurs » pour promouvoir le RSE (toutes fonctions et rang hiérarchiques confondus) ou la création d’une charte d’usage font partie des bonnes pratiques. Il est, également, primordial de pouvoir compter sur le soutien du management. Un sponsoring fort du projet au niveau stratégique ainsi qu’un relais des ambitions des RSE via les managers de proximité est indispensable. Il est donc essentiel d’accompagner les managers de proximité dans l’appropriation des enjeux et objectifs du projet RSE afin de pouvoir en être l’ambassadeur.
Le RSE, un outil qui s’inscrit dans un changement global de culture d’entreprise
Finalement le réseau social apparaît comme une sous partie d’un écosystème complet du changement de la culture d’entreprise. À l’image de l’évolution du rôle des managers, il n’est qu’un vecteur de changement de culture d’entreprise qui ne peut réussir qu’en étant accompagné d’une évolution des pratiques et des usages. C’est du changement de culture que pourra émaner la création de valeur : optimisation de la performance opérationnelle, fluidification de la relation entre collaborateurs, augmentation du bien-être au travail… Le réseau social ne peut être le seul composant du changement. La création de valeur sera garantie dès lors que le réseau social est envisagé non pas comme la cible mais comme un moyen de l’atteindre. L’intégrer dans un projet plus global de transformation culturelle, des usages et des pratiques est la clé permettant d’en dégager des bénéfices.