Le Software defined networking pourrait-il devenir le réseau d’aujourd’hui ?

Les différents concepts gravitant autour du « Software Defined » sont nombreux. Chaque brique technique du datacenter qui nécessite des phases de provisionnement, configuration, gestion et décomissionement trouve un écho dans la gestion par logiciel. En dissociant les composants physiques des éléments responsables de leur gestion, il devient possible d’orchestrer son infrastructure de manière agile et dynamique.

Le « Software Defined Networking » (SDN), la prochaine génération de réseaux d’entreprise, s’inscrit parfaitement dans cette logique, rendant possible une intégration de services en quelques minutes par la création de réseaux en fonction des besoins des applications métiers. On constate cependant une adoption très frileuse par les grandes entreprises, en particulier en France. Alors que cette technologie représente un gain prometteur, certains éléments peuvent freiner sa progression. Voici quelques éléments d’analyse de la situation.

Les vertus du Software defined networking

Il existe de multiples raisons de mettre en place une technologie SDN. Les apports peuvent être visibles à tous les niveaux : des techniciens en charge de maintenir le réseau opérationnel aux utilisateurs finaux.

Le réseau est aujourd’hui complexe à manipuler et à faire évoluer. Cette brique du datacenter est la dernière à résister aux sirènes de la virtualisation. Une telle évolution ouvre le champ des possibles en termes d’interactions entre tous les éléments de l’infrastructure. Cela autorise alors à imaginer des mécanismes d’automatisation dans la gestion de son infrastructure réseau.

Outre cette forte interaction rendue possible entre l’infrastructure et les applications directement exposées aux utilisateurs, la gestion « traditionnelle » du réseau est grandement simplifiée. La manière d’interconnecter les différents services du SI est repensée. En se concentrant sur le rôle de ces services SI, le réseau devient un simple intermédiaire. Le cas d’usage qui se dessine est alors celui de la flexibilité  du datacenter : si une politique donnée est associée à un service donné, alors cette dernière sera appliquée sans tenir compte de l’emplacement du composant qui exécute ce service. Il en résulte une grande facilité à mettre en place des applications.

Un usage répendu du SDN aujourd’hui est très lié à la virtualisation de fonctions réseaux (Network Function virtualisation ou NFV). Les NFV consistent à virtualiser les équipements de sécurité (Firewall, Load-Balancer, etc.) pour les rendre modulaires et faciliter leur déploiement. On voit alors apparaitre des solutions qui regroupent tous ces équipements au niveau de chaque machine virtuelle. Cela ajoute une couche de sécurité en local à l’intérieur d’un périmètre existant. Ces solutions offrent la possibilité de sécuriser les échanges à l’intérieur de zones de sécurité habituellement dépourvues d’équipements spécifiques. Le SDN intervient pour le pilotage central de ces équipements de sécurité distribués, dans le même environnement que le contrôle du réseau.

Enfin, il existe des initiatives qui jouent un rôle important dans l’accompagnement à l’adoption de la technologie SDN. HP, pionnier du SDN, propose une plateforme de mise en relation d’entreprises ayant des besoins précis avec des développeurs. Ces derniers pourront alors travailler avec l’entreprise pour mettre le SDN au cœur de la relation entre l’infrastructure et les applications. Pica8, acteur important du SDN, propose un kit de démarrage pour aider les entreprises à se lancer en fournissant un équipement réseau et des outils logiciels.

Aujourd’hui, l’adoption des technologies SDN se fait essentiellement chez les opérateurs Télécoms et les fournisseurs de services Cloud. Ces derniers utilisent le plus souvent des technologies développées en interne pour des besoins extrêmes très spécifiques. Pour les entreprises, le modèle SDN présente l’avantage de pouvoir se mettre en place sur un périmètre restreint dans une logique d’adoption progressive.

Pourquoi prévoit-on une adoption plus longue en entreprise ?

Le SDN génère un fort intérêt dans les entreprises, mais l’adoption sera longue.

Le premier frein à l’adoption du SDN pour les entreprises est l’identification du besoin et des applications concrètes dans un contexte métier. Toute la flexibilité que le SDN apporte n’est pas toujours une priorité pour les entreprises. De plus, cette technologie est en mesure de rendre possible de nouveaux usages que les entreprises ne perçoivent pas toujours en avance de phase. Par exemple la sécurisation au niveau de la machine virtuelle comme peuvent le proposer des acteurs comme VMWare.

Le second frein, une fois cette question de l’usage résolue, est la nécessité de trouver le bon fournisseur. Or aujourd’hui, aucun acteur du SDN ne se domine le marché. Du fait de sa faible adoption, et bien que la technologie fasse beaucoup parler d’elle depuis plusieurs années, aucun acteur n’a pu mettre en avant son savoir-faire. De fait, les entreprises expriment une certaine réserve sur le choix du fournisseur bien que des grands acteurs tels que VMware, HP, Dell ou Cisco proposent des solutions déjà fonctionnelles.

Troisième frein, le coût du ticket d’entrée reste très élevé. Ce coût apparait quel que soit le modèle de SDN mis en place. Dans le cas d’une architecture complètement virtuelle, il est nécessaire d’acquérir les licences logicielles. De même, une architecture mixte oblige à renouveler tout ou partie des équipements réseau. Il est aujourd’hui difficile d’estimer le coût de la transformation du réseau pour passer au SDN.

Finalement la mise en place est une crainte majeure des entreprises qui voit dans le SDN une complexité supplémentaire ajoutée à l’infrastructure existante. Cela est d’autant plus vrai qu’une phase de transition sera le plus souvent nécessaire, avec une cohabitation des différentes technologies. Le changement de paradigme sur le réseau renforce cette crainte du fait des nouveaux outils à appréhender.

Au-delà de ces freins et une fois l’architecture en place, il reste la question de la gouvernance. La mise en place d’un modèle où les flux sont majoritairement encapsulés rend complexe la surveillance et l’analyse des erreurs. L’utilisation d’un logiciel central qui va piloter toute l’infrastructure réseau pose la question de la confiance faite à ce logiciel. Quel contrôle doit exercer l’humain pour garder la maîtrise de la technologie alors même que cette dernière lui offre la possibilité d’accéder rapidement à toute son infrastructure réseau ?

 

Le SDN offre de nouvelles possibilités dans la gestion du datacenter. Au côté des serveurs et du stockage virtualisés, le datacenter dans son ensemble pourra alors passer au modèle Software Defined. Côté entreprise, des questions restent encore en suspens. Sans doute la meilleure façon d’y répondre serait de  mettre en place ce type de solution pour des projets spécifiques de façon à mettre à l’épreuve cette technologie. Selon nous, l’adoption  du SDN par les entreprises permettra  une évolution certaine dans le sens des besoins métiers. Encore un pas supplémentaire dans la tendance du Software Defined Everything !

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