Notre manière de consommer évolue, au même titre que nos moyens de paiement. La démocratisation du commerce sur internet est un fait. D’après la Fevad, le premier trimestre 2015 a enregistré une hausse de 15% des transactions en ligne par rapport à 2013. Cependant, le plus étonnant se trouve du côté du m-commerce, autrement dit, les achats sur smartphones et tablettes. Ils ont augmenté de 54% par rapport à 2013. Or, le paiement sécurisé et ergonomique est un facteur clé de la réussite du commerce mobile.
Une multiplicité des moyens de paiement
Le panorama des nouveaux moyens de paiement ne cesse d’évoluer au fil des années. Cette évolution sous-entend aussi une diversité des technologies utilisées par chaque solution.
Le e-commerce : Les transactions en ligne via un ordinateur se résume généralement à recopier les données d’une carte bancaire sur un site marchand. Il est toutefois possible d’utiliser un portefeuille électronique, comme le propose par exemple PayPal.
Le m-commerce : On distingue différents modes de paiements sur mobile :
- Le paiement à distance, via internet sur une application dédiée ou sur un navigateur, ou encore par SMS en utilisant la technologie USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Ce protocole de communication permet entre autre de consulter son suivi conso et de payer sa facture en tapant #123# depuis son mobile. Ce dernier est aujourd’hui surtout présent dans les régions du monde où la population est peu bancarisée ;
- Le transfert d’argent de mobile à mobile, est un service proposé par de plus en plus de portefeuilles électroniques, à l’instar de Google Wallet ou des portefeuilles Bitcoin;
- Le paiement de proximité, ou paiement sans contact, permettant de payer chez le marchand avec son smartphone. Cette solution est dominée par deux technologies. La première est le Near Field Comunication (NFC), comme le proposent Apple Pay et Google Wallet. La seconde est le Quick Response Code (QR Code), une technologie notamment utilisée par les portefeuilles Bitcoin ou DigiCash.
Il ne s’agit pas ici d’une liste exhaustive des nouveaux moyens de paiement, puisque d’autres solutions permettent de payer autrement, à l’image du NFC Reader proposé par Square. Cependant, il faut garder en tête que ces nouvelles solutions tendent à se généraliser. Reste à identifier les impacts au niveau de la sécurité.
Quels enjeux en matière de sécurité ?
Ces nouveaux moyens de paiement sont tributaires des supports qui les proposent. Autrement dit, de nouveaux risques apparaissent, puisque le smartphone devient en partie responsable de la sécurité du paiement. Certes, ces solutions proposent des systèmes de sécurisation de la transaction via par exemple le chiffrement ou la tokenisation (mécanisme visant à remplacer le numéro de la carte bancaire par un autre numéro unique et inutilisable dans d’autres contextes). Mais un smartphone n’est autre qu’un outil personnel pour l’utilisateur, donc potentiellement personnalisable ou attaquable. Or, une authentification désactivée, ou un smartphone « jailbreaké » (dont les fonctions de sécurité ont été déverrouillées) sont autant de problèmes de sécurité dont l’utilisateur est responsable ou peut être la victime en cas de failles de sécurité utilisées des pirates.
La solution de paiement doit donc proposer des mesures de sécurité pour palier à ces éventualités. Trois exemples concrets permettent de mieux comprendre les enjeux de la sécurité des nouveaux moyens de paiement.
Apple Pay, Google Wallet et les portefeuilles Bitcoin, trois solutions, trois philosophies différentes
Les solutions proposées par les deux géants américains Apple et Google, sont des portefeuilles électroniques. À noter que ce terme est un abus de langage car il signifie initialement l’utilisation d’un compte crédité. Ils permettent de payer via des applications qui les supportent, et ils permettent aussi de payer chez le marchand directement avec son smartphone par communication NFC. Google Wallet existe depuis septembre 2011 aux États-Unis alors qu’Apple Pay est lui disponible depuis octobre 2014 outre-Atlantique et depuis le 14 juillet 2015 en Grande Bretagne. On compte néanmoins plus de 700 000 terminaux de paiement acceptant chacune des deux solutions.
Apple Pay (à gauche) et Google Wallet (à droite)
L’une des distinctions majeures entre ces deux solutions réside dans le stockage des données à caractère personnel. Tandis qu’Apple certifie ne récupérer aucune donnée qui pourrait être reliée à l’utilisateur, Google, lui, se propose de récupérer et stocker toutes ces données dans le Cloud. La raison de ces choix technologiques provient du fait qu’Apple est propriétaire de sa technologie de bout en bout, il fabrique ses propres smartphones. De l’autre côté, Google ne fabrique pas les mobiles qui proposent sa solution de paiement. Ainsi, il se propose de stocker toutes les données sur le cloud afin de les sécuriser. Une confiance que l’on retrouve aussi au travers d’une solution en marge du système bancaire : le Bitcoin.
Les portefeuilles Bitcoin permettent de faire ses achats en monnaie « virtuelle » depuis son mobile. Il est en effet aujourd’hui possible de payer avec ses bitcoins chez certains marchands, et ce, même en France. Le Picotin par exemple, restaurant dans le 12ème arrondissement de Paris, propose à ses clients de payer son addition par bitcoin.
© Sebastian Seibt | Le Picotin accepte les paiements en monnaie dématérialisée
De plus, certains portefeuilles électroniques comme igot (disponible en Australie) s’occupent de transférer au marchand l’équivalent de la quantité de bitcoin en monnaie locale.
Ce moyen de paiement virtuel présente de nombreux avantages, en particulier du point de vue de l’anonymisation même s’il reste peu répandu et sujet à des variations de valeurs extrêmement fortes.
Ces solutions sont donc une nouvelle expérience de paiement. Une expérience qui se voit portée par deux arguments : ergonomie et sécurité. Apple Pay, Google Wallet, et les portefeuilles Bitcoins peuvent-ils incarner l’avenir des paiements sécurisés ? C’est dans l’optique de répondre à cette question, qu’il sera nécessaire de décrypter la sécurité de ces trois nouveaux moyens de paiement. Cela fera l’objet de prochains articles de blog à ce sujet.