Les présidents de la SNCF et de la RATP n’ont que ce mot à la bouche : une révolution numérique va s’opérer dans le domaine du transport. Les agents seront par exemple équipés de tablettes tactiles, et des fauteuils intelligents capables de dire quand ils ont besoin d’être réparés feront leur apparition. Parmi les innovations présentées, la promesse de la mise en place du Wi-Fi à bord des trains d’ici la fin de l’année 2016 ainsi que l’amélioration de la couverture 3G/4G pour la fin 2017 dans le métro et le RER semblent celles qui retiennent le plus d’attention. Gros plan sur la connectivité dans le transport urbain et ferroviaire.
Les usages voyageurs en mobilité : toujours plus de data
Le taux d’équipement mobile des Français n’a cessé de progresser au cours de ces dernières années. Ordinateurs portables, smartphones, tablettes ou objets connectés sont les quatre grandes familles les plus plébiscitées. Si le palmarès des principaux usages d’internet diverge peu selon les terminaux, l’utilisation de la messagerie ainsi que la recherche et le surf sur internet restent prépondérants.
En revanche, l’utilisation de ces équipements diffère selon le lieu : 43% des smartphones sont utilisés dans les transports en commun contre seulement 25% pour les tablettes. La consommation de données mobiles continue de progresser et a été multipliée par 5 en 3 ans, passant à une consommation moyenne de 380 Mo d’internet mobile par mois depuis un smartphone en 2014 selon l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes). Parmi les personnes disposant d’un équipement portable, 90% déclarent l’utiliser en mobilité avec une activité liée à internet.
Assurer la connectivité à bord : des difficultés techniques à surmonter
Si les usages sont là, nombreux sont les voyageurs qui voient leur connexion s’interrompre lors d’un voyage en transport en commun en raison d’un signal trop faible. Comment l’expliquer ?
La connexion à internet dans le train ou en partie souterraine dans le métro représente un véritable défi technologique. En effet, l’acier des voitures mais également la hauteur des trains affaiblissent sensiblement la pénétration des ondes des réseaux mobile 3G/4G, rendant ainsi la connexion difficile, voire impossible. D’autres facteurs interviennent comme le positionnement du voyageur dans la rame qui atténue la réception des ondes mobiles. La couverture des tunnels est également un défi car l’espace disponible entre les parois et les trains, notamment les trains à deux niveaux, ne laisse pas beaucoup d’espace pour installer des relais radio. Le recours à des câbles rayonnants très coûteux peut s’avérer indispensable dans certains cas. Enfin, le Train à Grande Vitesse (TGV) avec sa vitesse de croisière à plus de 300 km/h complexifie également la réception des signaux.
Pour remédier à des problèmes de propagation, certains transporteurs installaient des équipements à bord permettant de fournir une connexion Wi-Fi couplée à des liaisons satellitaires ou à des liaisons 3G/4G. Mais de plus en plus, ils abandonnent les liaisons satellitaires, chères et ne passant pas dans les tunnels, au profit des liaisons externes 3G/4G. C’est le cas par exemple de Thalys sur la ligne Paris-Bruxelles et de la SNCF sur la ligne TGV Est qui ont déployé une solution satellitaire dans un premier temps et adoptent une stratégie Wi-Fi à bord relayée uniquement par des liaisons externes 3G/4G.
Transporteurs et opérateurs : travailler main dans la main
Une solution consiste à utiliser uniquement la connectivité 3G/4G des opérateurs afin d’accroître la qualité de connexion à bord, mais nécessite de disposer d’une couverture digne de ce nom et de faire disparaître les « zones blanches ». Double bénéfice : les voyageurs peuvent accéder au réseau directement via leurs équipements, ou utiliser le Wi-Fi fourni par le transporteur.
Cela est possible uniquement à condition qu’une coopération puisse s’engager entre transporteurs et opérateurs car la couverture des lignes nécessite des investissements lourds : les opérateurs télécoms doivent-ils les supporter seuls ou les partager avec les transporteurs ? Stéphane Richard, PDG d’Orange, semble vouloir jouer le jeu. Il promet dans son plan stratégique « Essentiel 2020 » de couvrir en 4G 100% des moyens de transports, métro et TGV compris. Orange ira-t-il jusqu’au bout de sa promesse ? Les autres opérateurs, Bouygues Télécom, Free et SFR suivront-ils ?
Si l’ambition est louable, une couverture 4G de 100% de la totalité des réseaux ferroviaires et urbains nécessitera des investissements si conséquents que les transporteurs, l’État et les régions finiront par apporter leur concours financier. Les opérateurs doivent déjà engager des investissements lourds pour assurer leur rythme de déploiement « naturel » et il semble difficile d’ajouter la contrainte de couverture réseau sans contrepartie. Mais alors, si les transporteurs contribuent au financement des déploiements 3G/4G, auront-ils les moyens d’investir également pour déployer des équipements Wi-Fi à bord de leurs trains ? Il faut se rappeler que le coût (CAPEX) est de 350 k€ par rame selon les estimations SNCF, auxquels il faut ajouter le coût de la bande passante. Par ailleurs, si les déploiements 4G promis se réalisent avec une densité suffisante pour apporter directement aux voyageurs les débits dont ils ont besoin, est-il toujours nécessaire de déployer des équipements Wi-Fi à bord des trains ?
Un sujet à suivre au cours des prochains mois, et qui dépendra fortement des modèles économiques et des coûts que chacun acceptera de supporter !