Comme vu dans un précédent article, l’Information Voyageur (IV) constitue une attente forte des usagers de transports publics alors qu’un certain nombre d’obstacles en limitent aujourd’hui la portée.
L’utilisation des standards d’interopérabilité constitue l’une des clés principales pour surmonter ces obstacles. Qu’y-a-t-il derrière ces standards ? Quels dispositifs sont mis en œuvre par les acteurs du transport ?
Les standards d’interopérabilité : des outils stratégiques au service des acteurs du transport
Les efforts de standardisation au niveau européen sont nombreux. Ces standards permettent de faciliter les échanges entre partenaires économiques (AOT, opérateurs de transports et acteurs tiers) et in fine de proposer aux voyageurs une information agrégée, tout au long de la chaîne du voyage et en temps réel.
- Il existe deux types de normes dans le domaine de l’information voyageur :
- Les normes de mise en place du système d’information ;
- Les normes d’échanges entre systèmes.
Les premières structurent les objets métier du domaine de l’information voyageur en modèles conceptuels de données (MCD). Ainsi, la norme européenne EN12896 Transmodel, dont les premiers travaux ont commencé en 1995, définit le modèle de données de référence de l’offre de transport public. Il permet ainsi de modéliser aussi bien la topologie du réseau et les horaires planifiés que la billettique et l’information tarifaire. La norme européenne IFOPT enrichit quant à elle Transmodel en précisant le modèle de données des points d’arrêts du réseau de transport.
Les secondes formalisent les échanges de données entre systèmes : elles définissent les formats d’échange et reposent souvent sur les modèles de données issus des normes de mise en place du SI. C’est le cas de la norme européenne SIRI, basée sur le modèle Transmodel, qui définit l’échange de données d’IV temps réel. Les échanges de données théoriques entre transporteurs se basent sur la norme française NEPTUNE ou sur le standard européen NeTEx. Le développement de ces normes continue de se faire dans un souci de cohérence d’ensemble qui permet aujourd’hui de concevoir des systèmes d’Information voyageur complets.
Jusqu’à récemment, en l’absence de standard satisfaisant, le pragmatisme prévalait chez les transporteurs. C’est ainsi que des tentatives de rapprochement des informations théoriques et temps réel basées sur des interfaces spécifiques ont pu être menées localement et, bien souvent, à l’initiative des transporteurs afin de proposer une information continue aux usagers. Mais nos récents retours d’expérience montrent les limites de ces solutions en termes de pérennité et l’intérêt grandissant que les transporteurs et les autorités organisatrices portent aux standards au point de les mentionner directement dans les appels d’offres. Désormais, la mise en place de ces standards par les transporteurs devient de plus en plus systématique. Ils sont notamment inscrits dans les cibles des cahiers des charges des nouveaux systèmes, au fur et à mesure que les anciens sont dé-commissionnés. Les SI actuels font souvent l’objet de refontes, qui constituent autant d’opportunités de normaliser les échanges, même au sein d’un même transporteur.
L’appropriation et l’application des normes demandent cependant aux parties intéressées des efforts conséquents en conception ou adaptation de leur SI. À cela s’ajoute l’effort nécessaire pour l’appropriation des normes qui n’a pas empêché les divergences d’interprétation entre les acteurs. Dans ce cadre, l’État, à travers l’AFIMB, joue un rôle de facilitateur en mettant à disposition des acteurs plusieurs outils leur permettant de se familiariser avec ces normes (Chouette pour la norme Neptune et NeTEx, Irys pour la norme SIRI). D’ici quelques années et avec la maturité des normes, les territoires devraient être équipés de SIM temps réel permettant de diffuser une IV agrégée et multimodale. Les transporteurs (et surtout les voyageurs !) devraient alors récolter les fruits de ces lourds investissements.
Finalement, quel apport des normes ?
Les normes permettent aux transporteurs de mettre leurs données temps réel à disposition, sous un même format et simplifie donc la consolidation de données en provenance de plusieurs transporteurs pour un même territoire.
Elles participent même directement à la mise en place de services Information voyageurs multi-transporteurs, multimodaux de manière transparente pour le voyageur. Et ces travaux ont lieu en ce moment même chez les transporteurs, avec des objectifs souvent dans les 3 ans. Bonne nouvelle pour l’Information voyageur et les usagers des transports !
Pour plus d’informations sur le sujet, consultez Transport Shaker, le blog transport des consultants Solucom