Lier les buzzwords « objets connectés » et « cleantech » pourrait passer pour un gimmick de communicant afin d’attirer l’attention. Ils sont pourtant bel et bien liés, l’un (les objets connectés) étant un enabler majeur de l’autre (la cleantech). En effet, pour s’annoncer « clean » ou œuvrant en faveur d’un monde économe et écologique, il faut bien pouvoir mesurer les impacts des projets déployés, ce à quoi s’attachent tous les composants de l’univers de l’internet des objets.
Cette association recouvre aussi une réalité industrielle, où les géants de l’informatique créent les conditions de marché favorables (standards, adoption des technologies, solutions globales) tandis qu’une multitude de startups essayent d’apporter des réponses créatives aux potentiels ainsi générés.
De grands acteurs mobilisés pour un marché prometteur
Les objets connectés ont dépassé le nombre d’humains depuis 2008 et atteignent d’ores et déjà plus de 50 milliards d’unités, qui produisent une masse de données doublant tous les 2 ans environ.
La première phase indispensable de l’Internet of Things, à savoir l’équipement en matériels (capteurs et connexions), est donc lancée. Dans les entreprises, il faudra l’accompagner d’une mise en place de processus et d’une conduite du changement pour lier de manière utile hommes et données, pour transformer celles-ci en informations.
Chacun des acteurs du secteur tente de se positionner sur la chaîne de valeur qui se met progressivement en place et qui génerera selon Gartner plus de 1 900 milliards de $ d’ici 2020.
Deux initiatives concrètes conduites par GE (Industrial Internet) et Cisco (FOG) se positionnent sur ce marché.
Industrial Internet est un consortium regroupant GE, AT&T,Cisco et Intel visant à la digitalisation de tous les métiers de l’Industrie. GE se l’applique d’abord à elle-même avec par exemple une éolienne connectée permettant de mieux gérer la variabilité de fonctionnement inhérente à cette énergie et donc d’augmenter son efficacité de 25%. Mais elle propose aussi à tous la plateforme Predix, qui propose d’analyser les données collectées.
Le FOG computing est quant à lui une évolution du Cloud proposée par Cisco, où l’intelligence se veut mieux répartie, près des sources de données, afin d’améliorer la QoS et accélérer le traitement. L’apport de ce positionnement qui multiplie les équipements devrait être surtout palpable pour des besoins temps réel, où être en bordure du Cloud, voire en local, sera nécessaire.
Un foisonnement de startups à fort potentiel
Cette concrétisation à grande échelle est basée sur des composants miniaturisés qui communiquent entre eux (convergence vers le Bluetooth) et qui sont de plus en plus économes. Il reste néanmoins de grands progrès de standards à faire (matériel, logiciel, transmission) et des cas d’usages à affiner.
La question de l’énergie est particulièrement ciblée, que ce soit au niveau de la production ou de la consommation. La tendance cleantech, qui regroupe obligations légales, besoins marketing et conscience écologique, aiguillonne en effet des acteurs en recherche d’économies et d’optimisation. On pourra par exemple citer quelques quelques jeunes pousses françaises qui se sont lancé sur ce marché à trois dimensions : ville, bâtiments et utilisateurs.
- Pour la ville : AgoraEnergy cherche à convaincre les mairies d’introduire des capteurs de remplissage pour les citernes de gaz et les bennes de déchets, ce qui permet d’optimiser les tournées. De son côté, Incitât met en place la facturation individuelle des déchets via des poubelles intelligentes, ce qui améliore les taux de tri par une incitation économique. Dans un autre domaine, G2 Mobility déploie des bornes de recharge pour véhicules électriques pilotées à distance.
- Pour les bâtiments : Avob, Ubiant ou Intent démarchent les constructeurs et gestionnaires de bâtiments avec un packagesystème d’exploitation, applications, box et capteurs permettant de mettre en place un réseau de suivi de consommation d’énergie et d’interagir avec les appareils.
- Pour les utilisateurs : Alfileo propose des éléments similaires mais avec un focus sur les clients industriels d’énergie consommateurs de froid tandis que WattGo se positionne sur les particuliers avec box et algorithmes pour permettre de déstructurer la courbe de consommation.
La diversité et l’ampleur des exemples cités illustrent un écosystème Cleantech tangible avec un potentiel qui se concrétise grâce au déploiement d’objets connectés. Les premières alliances, investissements et retours d’expérience enrichissent la vision business des objets connectés. Cet axe pionnier et prometteur d’efficacité écologique doit inviter les entreprises susceptibles d’être impactées par la généralisation des objets connectés (c’est-à-dire toutes !) à réfléchir dès à présent au rôle que ceux-ci peuvent jouer dans leurs métiers.