Le 6 mai dernier, Orange annonçait avoir été victime du vol d’un « nombre limité » de données de clients. C’est la seconde fois en moins de 6 mois que l’opérateur fait la une de l’actualité pour des faits similaires. Depuis quelques semaines, c’est Domino’s Pizza qui est sous les feux de la rampe. Le groupe cybercriminel Rex Mundi réclame une rançon de 30 000€ sous peine de publier les 650 000 données clients dérobées à Domino’s Pizza. Ces récents évènements illustrent les difficultés actuelles des entreprises à lutter efficacement face à une menace cybercriminelle de plus en plus prégnante.
Des attaques cybercriminelles d’une ampleur jusque-là inégalée
Ces attaques se répètent et n’épargnent personne. En novembre 2013, l’éditeur Adobe déclare avoir été victime du vol de 150 millions de comptes utilisateurs. Quelques semaines plus tard c’est au tour du géant américain de la distribution Target de faire les frais d’une attaque de grande ampleur avec pour résultat les données bancaires de 110 millions de clients dans la nature. En mai 2014, Ebay annonce que les données personnelles de 145 millions de clients ont été dérobées, sans atteinte cependant aux données bancaires.
Si les motivations des cybercriminels peuvent être diverses (idéologiques, ludiques, stratégiques…), ces opérations sont très souvent menées à des fins économiques. La multiplication, la professionnalisation et la diversification de ces attaques mettent en lumière l’existence d’un véritable marché noir de la donnée personnelle.
La protection des données personnelles au cœur du débat
L’Union Européenne s’est saisie du sujet. En mars dernier, le Parlement Européen a adopté le Règlement Européen sur la Protection des Données personnelles (N.B. le Conseil de l’UE doit se prononcer dans les prochains mois). Ce nouveau règlement prévoit des règles plus strictes auxquelles devront se plier les entreprises, tout en augmentant drastiquement les sanctions.
Si la conformité à la loi devrait permettre de diminuer le risque de fuite de données personnelles, cela ne suffit pas. Pour protéger les données de manière plus efficace, le RSSI doit aller au-delà et proposer des solutions qui permettront d’agir à la fois en amont et pendant la crise.
Prioriser la détection et la réaction par la supervision sécurité
On estime aujourd’hui qu’environ 80% des entreprises ont été victimes d’attaques de type APT. Selon le rapport M-Trend Mandiant 2014, le temps moyen de détection de ces attaques est de 229 jours !
L’amélioration des capacités de détection est donc un enjeu vital pour protéger les données sensibles. Une solution efficace est la supervision sécurité, qui vise à améliorer et accélérer la détection des activités malicieuses sur le SI de l’entreprise. A l’initiative du RSSI, l’entreprise doit réaliser une analyse de risque qui permettra d’identifier les zones les plus sensibles de son SI. La collecte et l’analyse des logs des éléments sensibles lui permettront de garder un œil attentif et de réagir en cas d’identification de signaux faibles indiquant une compromission.
Traiter en priorité le maillon faible de la chaîne cyber-sécurité
Les utilisateurs du SI sont le maillon faible de la chaîne cyber-sécurité et apparaissent comme des cibles de choix : l’exploitation de failles humaines est à l’origine de 70 à 80% des attaques cybercriminelles. Afin de prévenir ces incidents, le RSSI doit s’appuyer sur les Ressources Humaines et la Communication Interne afin d’inscrire la sensibilisation SSI dans des actions de communication. A l’image d’Axa, qui a organisé un concours vidéo sur le thème de la prévention numérique, en partenariat avec l’EICAR, une école de création audiovisuelle. Des spots de sensibilisation à la cyber-sécurité (phishing, social engineering) ont été produits, cumulant au total plus d’un million de vues. La Société Générale a également mené des actions de sensibilisation de ce type.
Réagir à la survenance d’un incident
Ces mesures permettent-elles pour autant de se prémunir à 100% du risque de fuite de donnée ? Non, bien évidemment. La question n’est pas de savoir si un tel incident risque de se produire, mais comment faire face quand il se produira.
Cette question s’adresse principalement au RSSI, qui a la responsabilité de l’instanciation du scénario cybercriminalité et de son intégration dans l’organisation de gestion de crise globale de l’entreprise. Le dispositif de gestion de crise cyber-sécurité peut comprendre des fiches-réflexes, des checklists ou encore des éléments de communication (éléments de langage, communiqué de presse, etc.).
A ce jour, seulement 20% des grands comptes français sont préparés à gérer une crise cyber-sécurité. Compte tenu de l’accroissement constant du nombre d’attaques et de leur ampleur, il y a fort à parier que les RSSI trouveront auprès de la direction générale une oreille attentive pour les appuyer dans la mise en place de solutions destinées tant à prévenir les incidents (supervision, sensibilisation) qu’à gérer la crise au moment où, inévitablement, elle surviendra.