Rappelons-le, un enjeu essentiel des grandes agglomérations est de réduire la part de transport en voiture, de façon à enrayer une pollution de plus en plus préoccupante mais aussi de répondre à la problématique des embouteillages (en Île-de-France, durant les heures de pointe, ces derniers ont augmenté de 26 % entre 2010 et 2013). Le conducteur de voiture personnelle, de plus en plus écoresponsable, a besoin d’aide pour combiner d’autres modes de transport lorsque c’est pertinent. Pour répondre à cet enjeu, les services numériques de mobilité intelligente mis en place par les collectivités territoriales – calculateur d’itinéraire de transport en commun, information perturbations, etc. – ont besoin d’évoluer et de déplacer le focus des transports en commun vers la voiture personnelle.
Les calculateurs d’itinéraires route et transport en commun ne se parlent pas
Les services numériques de mobilité sont répartis en deux grandes catégories : les services à destination des conducteurs de voitures personnelles, et les services conçus pour les utilisateurs de transport en commun et de mobilités alternatives (vélo, marche, partage de véhicules, etc.).
Les calculateurs d’itinéraires routiers sont pour la majorité des systèmes embarqués par les constructeurs automobiles, ou bien des systèmes matériels additionnels (TomTom, etc.), sans oublier les calculateurs d’itinéraires sur mobile (Google, Microsoft, Mappy, ViaMichelin, etc.). Tous ces systèmes prennent peu ou mal en compte les autres modes de transport urbains et interurbains.
Par ailleurs, les calculateurs d’itinéraires de transport en commun, souvent mis en place par les réseaux de transport ou les autorités organisatrices en France, sont des applications mobiles utilisables en voiture, mais n’incluant en général pas la route.
Les deux types de calculateurs sont, à ce jour, des systèmes différents, et très peu intégrés, ce qui ne contribue pas à aider le conducteur automobile à changer de mode lorsque ce serait préférable.
Voiture connectée, open data : des phénomènes qui changent la donne
Plusieurs phénomènes récents peuvent aujourd’hui changer la donne et permettre l’ouverture des calculateurs d’itinéraires routiers aux calculateurs d’itinéraires de transport en commun.
La voiture connectée prend de plus en plus d’ampleur. Au-delà des services de sécurité et de loisirs que portent la voiture connectée, le tableau de bord intelligent – souvent lié aux univers mobiles Apple, Android, etc., va permettre la convergence des systèmes de calculateurs d’itinéraires.
Pour calculer des itinéraires multimodaux, il est nécessaire de disposer des données de transport en commun. La démarche open data des autorités organisatrices de transport ouvre de plus en plus le champ aux différents acteurs privés de calculateurs d’itinéraires universels ou spécialisés voitures, là encore au bénéfice des conducteurs automobiles.
La voiture personnelle comme nouveau mode de calcul d’itinéraire multimodal
La cible des conducteurs de voitures personnelles est très importante en termes de réussite du report modal. Un changement de mentalité important se dessine en France sur la possession et l’utilisation de la voiture. Toutefois, l’automobiliste n’est pas encore assez aidé pour faire le choix de ne pas utiliser sa voiture tout le temps.
Il y a une prise de conscience de la nécessité de ne pas culpabiliser le conducteur automobile, mais au contraire de l’aider au report modal au travers de services numériques lui apportant le conseil et le guidage nécessaires. Cette prise de conscience couplée aux nouvelles possibilités qu’offrent la voiture connectée et l’open data dans le monde du transport urbain, amènent à une évolution naturelle d’intégration des calculateurs d’itinéraires voiture et transport en commun, en déplaçant le focus vers le conducteur automobile.
Le calculateur d’itinéraire, avec les fonctions associées de guidage et information perturbation, ajoute la voiture comme mode supplémentaire et important aux autres modes de transport.
Depuis chez lui ou dans sa voiture, pour un déplacement habituel ou ponctuel, le conducteur doit pouvoir établir un itinéraire qui lui permette de ne pas perdre de temps, prendre le moins de risque possible, maîtriser son itinéraire de bout en bout, être guidé y compris en cas de perturbations routes ou transport en commun, etc.
Quelques premiers services accessibles
Google et Mappy, historiquement calculateurs d’itinéraires voitures, se sont ouvert aux transports en commun sur certaines villes. Citroën Multicity a la même démarche.
Le transporteur urbain Tisseo, sur l’agglomération toulousaine, a mis en place un calculateur d’itinéraires incluant la voiture en complément des transports en commun et permettant ainsi de trouver un itinéraire commençant ou se terminant par un trajet voiture, en laissant la voiture dans un parc relais mais aussi à proximité d’un arrêt ou d’une gare.
Le projet Optimod Lyon du Grand Lyon a pour objectif l’optimisation de la gestion des réseaux par la prédiction à 1 heure des trafics, la fourniture d’une information tous modes – y compris la voiture -, l’optimisation de la gestion du fret urbain. Un objectif fort du projet est de fournir une information objective offrant un réel choix aux automobilistes, notamment en rétablissant la vérité sur les coûts et les délais entre la voiture et le transport en commun – en prenant en compte les bouchons et les perturbations de façon prédictive, ce que ne font pas en général les calculateurs d’itinéraires voiture. Le système guidera l’automobiliste sur le choix des tronçons de trajet, y compris en temps réel.
Autant d’évolutions qui tracent la voie.
Pour plus d’informations sur le sujet, consultez Transport Shaker, le blog transport des consultants Solucom