L’architecture comme pilier de la maîtrise et de l’agilité du SI ne fait aujourd’hui généralement plus débat. Dans le contexte de restriction budgétaire actuel, l’enjeu est en revanche de mesurer l’apport réel des architectes IT au sein de la DSI. Mais comment faire et par où commencer ?
Commencer par se doter d’indicateurs simples et évolutifs…
À l’heure de mettre en place les premiers indicateurs, les DSI retiennent en général trois axes d’analyse clés. D’abord, ils sont attentifs au niveau de réactivité et à la qualité de réponse de l’architecture aux demandes projet. Ils cherchent également à mesurer le pourcentage de projets qui font appel à l’expertise et à la validation des architectes ainsi qu’à connaître le positionnement de ces derniers sur ces projets : intervention dès la phase de cadrage au lancement de l’étude ou au contraire sollicitation a posteriori lors des dernières étapes du design de l’architecture. Enfin, les DSI sont soucieux du niveau de « qualité » des architectures proposées (taux de panne sur les architectures mises en production, taux de respect des SLA, etc.).
Ces indicateurs tendent à évoluer au fur et à mesure que s’industrialise la fonction. L’idée est justement de valoriser les apports du cadre d’architecture ou encore les efforts de rationalisation des coûts faits par les architectes : taux de réutilisation des composants, taux d’adéquation des architectures aux patterns définis ou encore niveau d’efficacité économique des architectures.
Arrêtons-nous un instant sur ce dernier exemple. Mesurer l’efficacité économique des architectures implique la mise en place ou l’adaptation de modèles budgétaires ad hoc. Or, l’expérience montre que ces modèles sont généralement erronés par rapport aux coûts réels. C’est pourquoi avant d’envisager tout indicateur il est important de répondre à deux questions fondamentales : cet indicateur m’apprend-t-il des choses ? Apporte-t-il des résultats fiables (vérifiés) ? Une bonne pratique lors de la mise en place de tels indicateurs sera par exemple de respecter la règle “SMART“.
Mesurer l’apport de la fonction architecture sur les principaux enjeux de la DSI
L’architecte se doit de participer activement à la définition des enjeux IT et à la construction des réponses à apporter à ces enjeux. Bien sûr, selon les entreprises, ces enjeux (et par conséquent ce que l’on attend des architectes) peuvent être de natures très diverses : réduction des coûts, accompagnement de la transformation métier, palier technologique majeur ou apport d’innovation IT, etc.
Les indicateurs de performance de la fonction architecture ne doivent donc pas évoluer qu’en fonction du niveau de maturité de cette fonction mais doivent aussi être contextualisés par rapport aux enjeux de la DSI et donc par rapport à la « lettre de mission des architectes ».
Par exemple, dans une DSI principalement centrée sur l’optimisation de sa performance économique, des indicateurs tels que la charge moyenne passée sur chaque projet, le coût des architectures proposées ou le taux de rationalisation des socles applicatifs seront prépondérants. À l’inverse, si l’enjeu majeur de la DSI est la remise en cohérence de l’IT par rapport au métier, on privilégiera des indicateurs de couverture des besoins fonctionnels, de niveau de satisfaction des métiers ou encore d’agilité du SI (délai de réalisation des architectures, etc.).
Piloter et promouvoir la fonction architecture
Trop souvent, les indicateurs de performance de la fonction architecture restent confinés en interne de la cellule et ne sont pas communiqués en dehors. Ils constituent pourtant un formidable outil de communication et devraient systématiquement être utilisés pour promouvoir l’apport de valeur des architectes sur les projets d’une part, et sur la stratégie de la DSI d’autre part.
Hélas, même lorsqu’on se limite à regarder en interne de la fonction architecture, on constate bien souvent que ces indicateurs ne sont utilisés que pour du pilotage opérationnel « de bas niveau » quand ils devraient aider à prendre de la hauteur sur l’amélioration de la fonction. Ils pourraient par exemple être exploités pour réfléchir sur le repositionnement des architectes dans le cycle de vie des projets, sur l’alignement des compétences par rapport aux besoins ou encore sur l’amélioration continue du processus d’architecture.
Juger de la performance d’une fonction architecture, c’est donc d’une part mesurer sa pertinence dans l’accompagnement des projets et d’autre part, confirmer sa plus-value par rapport aux enjeux de l’entreprise. Sans oublier, bien sûr, que mesurer l’apport de la fonction architecture poursuit aussi un but double : aider à son pilotage et à sa promotion auprès de la DSI voire même des Métiers.