Le blues du Directeur d’agence bancaire – épisode 1

Le métier de Directeur d’agence bancaire ne ferait plus envie : seuls 12% d’entre eux recommanderaient leur métier à leur entourage selon une enquête publiée par La Tribune. “Blues du Directeur d’agence, avenir de la fonction, un métier à reconstruire…” Les séminaires de direction ne manquent pas pour aborder le problème. Ces interrogations accompagnent souvent d’autres sujets touchant au réseau de distribution : quels concepts et quels formats pour les agences, quel maillage du territoire, quelle organisation des implantations ? Autant de thématiques que nous vous proposons d’aborder dans cette série consacrée au « Directeur d’agence ». Episode 1.

 Pourquoi tant de questions…

Directeur d’agence n’a jamais été un métier simple, mais les nuages se sont accumulés. D’une part, les objectifs que l’on se réjouissait de dépasser deviennent plus difficilement atteignables. D’autre part les clients, confiants et généralement satisfaits, deviennent réticents, méfiants, parfois agressifs. Enfin, les collaborateurs changent.

 Des générations sortent de l’activité : elles avaient vécu et accompagné la croissance ; elles sont remplacées par de nouvelles, impatientes, moins impliquées et souvent plus engagées dans une réussite individuelle rapide. Nos Directeurs d’agence ont fait leurs classes dans une période de développement soutenu. Ils ont pris leurs fonctions dans la perspective de poursuivre cette tendance. Ils ne sont pas préparés à la nouvelle situation.

 … pour une fonction qui n’est pas remise en cause…

Chaque matin, ou presque, nos Directeurs d’agence entendent l’autoradio leur annoncer que l’internet bancaire va sonner le glas de l’agence traditionnelle. Les références citées sont l’Angleterre, les Pays-Bas… mais ce n’est pas digital qui a conduit à ces situations. Le nombre d’agences en France connaîtra  avant tout une stagnation. La plupart des 38 000 points de vente (Banque Postale comprise) existera toujours dans dix ans. Les chiffres les plus pessimistes annoncent une réduction progressive de 15%. Nos Directeurs d’agence seraient rassurés s’ils savaient l’attention que leur porte leur Direction Générale :  ils doivent savoir qu’ils sont toujours perçus comme la clé de voûte de la banque de détail.

… mais qui connait de profondes évolutions…

 L’autonomie du Directeur d’agence a profondément évolué. Les moyens techniques et les modes de fonctionnement ont transformé le métier dans un sens perçu négativement. Le nombre de mails quotidiens, en destinataire ou en copie va croissant. Il est difficile dans ces conditions d’avoir une  stratégie, une ligne de conduite, centrées sur l’équipe et le point de vente. Nos Directeurs d’agence sont « sous pression ». Par ailleurs, ils pensent que l’on attend d’eux une connaissance détaillée et encyclopédique des produits, règles et procédures.

 … dans un environnement bancaire changeant

Le monde bancaire change, les clients changent. L’avenir n’est pas écrit. Le manque de perspectives à long terme s’accompagne d’incertitudes à moyen terme. Les Directeurs d’agence les plus entreprenants bâtissent un « plan de développement » à trois ans. Ils attendent de leur management un accompagnement. Mais ce management a-t-il lui-même fait cet exercice ? Généralement non.

Cet échelon supérieur, centré sur l’animation commerciale et managériale est essentiellement «  réactif » : il accélère la prise en compte des informations descendantes, il impulse les mesures correctrices pour l’atteinte des objectifs. « La vie normale », ce perpétuel mouvement, est perçu comme de l’instabilité.

Navigateur ayant perdu sa boussole, le Directeur d’agence n’affronte plus la haute mer, il se limite au cabotage, en ne perdant jamais de vue la côte. Il dispose pourtant d’un radar, d’un GPS et d’une météorologie performante…

A suivre…

 

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