En février 2013, Bloomberg proposait son nouveau classement des pays les plus innovants, attribuant à la France la 10ème place. Afin d’évaluer les quelques 200 pays en lice, des critères tels que le pourcentage du PIB investi dans la R&D, la productivité par employé ou encore la part d’entreprises high-tech ont été étudiés. Mais qu’est-ce qu’est réellement l’innovation en entreprise aujourd’hui ? Et comment bien accompagner sa trajectoire ? Ce sera l’objet de ce premier article sur lequel rebondira un second dédié aux bonnes pratiques en la matière.
L’innovation en entreprise
Selon le manuel d’Oslo de l’OCDE, l’innovation est « la mise en œuvre – la commercialisation ou l’implémentation – par une entreprise, et pour la première fois, d’un produit ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations avec l’extérieur. » De plus en plus de grandes entreprises veillent à développer des démarches d’innovation en interne notamment comme une réponse face à la crise. Cependant, les processus d’innovation ne sauraient survivre dans un environnement classique, ils doivent se développer en parallèle de celui-ci. Alors comment innover ? Comment amener son entreprise à mettre en place des processus stimulants et durables ? Comment aller plus loin que la basique boîte à idées ?
Au-delà de ses multiples facettes, l’innovation se caractérise par un processus complet, de la stimulation de la création des idées jusqu’au lancement auprès du public cible. On représente souvent ce dernier sous la forme d’un entonnoir afin de mettre en avant le fait que pour 100 idées proposées, seules 2 ou 3 arriveront sous forme mature et travaillée sur le marché.
Les trajectoires de l’innovation
Ces 100 idées n’émergeront pas spontanément. Pour les récolter, il faut mettre en place une phase dite d’idéation, souvent liée à une phase d’inspiration, pour laquelle il est nécessaire de stimuler la naissance des idées à travers des ateliers de créativité ou des challenges thématiques. Une fois les idées récoltées, il faut réaliser une première analyse afin d’écarter celles qui ne répondent pas à la stratégie de l’entreprise ou tout simplement qui existent déjà.
Vient alors la phase de prototypage qui concerne en moyenne 30% des idées. L’objectif est de réaliser des tests de l’idée sur un marché réduit et représentatif de la cible. À la fin de cette phase, durant laquelle le prototype aura pu évoluer pour s’adapter aux besoins du terrain, une évaluation de la pertinence et de la valeur de l’innovation est réalisée.
7% des idées récoltées à l’origine vont alors entrer en phase d’implémentation. Cette phase doit accompagner l’évolution de l’innovation vers un produit suffisamment mature pour une mise sur le marché. Enfin, pour stimuler l’innovation sur le long terme, une valorisation adaptée à chacune des étapes précédentes doit être mise en place.
Afin de prendre en compte ce processus, les entreprises ont, ces dernières années, misé sur un système d’innovation dit inside-in. En résumé, l’innovation était développée uniquement par des ressources internes à l’entreprise, grâce notamment à des systèmes de management des idées à destination des collaborateurs, des incubateurs internes ou encore via la R&D.
Aujourd’hui cependant, alors que, les frontières entre une entreprise et son écosystème tendent à se dématérialiser, la tendance est à l’ouverture. C’est ce qu’on appelle l’open innovation. Littéralement «innovation ouverte », cette démarche se décline en deux trajectoires. La plus pratiquée est celle de l’outside-in qui consiste à aller chercher en dehors de l’entreprise des connaissances ou même des ressources. Des géants comme Apple ou Google ont savamment mis en place une communauté pour préparer leur écosystème à l’arrivée d’innovations de rupture comme l’iPhone hier et les Google Glass aujourd’hui. Des grands groupes français organisent quant à eux des hackatons, 48h durant lesquels tout un chacun peut venir proposer et développer une application avec les données qui sont mises à disposition. Dans cette trajectoire on note aussi beaucoup de systèmes de management des idées ouverts au grand public. À l’inverse, l’inside-out permet de mettre à disposition ressources et savoirs d’une entreprise auprès de l’écosystème.
Le premier type de dispositif inside-out est celui de la vente de brevets sous forme de licence. Il peut également s’agir d’essaimage. Ces deux trajectoires, loin d’être divergentes, se doivent d’être complémentaires. Pour cela, Google par exemple, a mis en place des démarches « d’intrapreneuriat », c’est à dire des dispositifs permettant de stimuler l’entrepreneuriat au sein même de l’entreprise.
Au-delà de la compréhension et de l’implémentation des différentes phases de l’innovation et des dispositifs associés, il existe des facteurs clés à la réussite d’une telle entreprise. C’est d’ailleurs ce que nous verrons dans un prochain article.