L’élaboration d’une cartographie des risques peut naître de contraintes règlementaires ou encore d’une volonté, pour un responsable, de maîtriser les risques de son périmètre. Dans tous les cas, il est important de rappeler que l’élaboration d’une telle cartographie a pour objectif premier de mettre en lumière des failles, des points de vulnérabilités, de les prioriser selon leur importance (leur impact sur l’entreprise) de manière à les traiter de manière structurée.
On peut cependant considérer cette vision de la gestion des risques comme « défensive », reflet d’une entreprise qui pourrait sur-traiter les risques voire systématiquement les refuser. Or, une entreprise, pour se développer, doit savoir saisir des opportunités et prendre des risques. Conquérir un nouveau marché, adapter son offre commerciale, acquérir une société, sont autant de démarches « risquées » pourtant nécessaires à son évolution.
Comment intégrer une vision plus « positive » du risque au sein de la cartographie ?
Ne pas savoir saisir les opportunités peut être considéré comme un risque vis-à-vis de la stratégie de l’entreprise. Dès lors, on doit attendre de la cartographie qu’elle accompagne cette prise de risques.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui souhaite se développer sur un nouveau marché. Cette stratégie pourrait notamment s’appuyer sur l’acquisition d’une société disposant d’expertises sur ce marché. On pourrait raisonnablement considérer cette démarche comme intrinsèquement risquée : la société ciblée apportera-t-elle tout le potentiel attendu ? La valeur d’acquisition sera-t-elle bien évaluée ? Son intégration dans la culture de l’entreprise sera-t-elle facile ?… À ne considérer que les risques, la cartographie pourrait inciter à ne pas se lancer dans une telle démarche d’acquisition qui est pourtant ici nécessaire au développement de l’entreprise.
La bonne réponse passe dès lors par la prise en compte, au sein de la cartographie, non seulement des risques mais également des opportunités. On ne masquera pas les risques car ils nécessitent d’être gérés mais les différents scénarios seront relativisés au regard des bénéfices attendus. La cartographie deviendra alors un vrai outil d’aide à la décision permettant d’équilibrer la prise de risques.
Une vision très dépendante d’un contexte évoluant très rapidement
La perception et la qualification d’un scénario en tant que risque pour l’entreprise dépend des objectifs et du contexte (économique, financier, social,…) de celle-ci. Une bonne conjoncture économique, une trésorerie avantageuse, un contrôle interne efficace,…peuvent être à l’origine de la relativisation de certains risques dans la mesure où leurs impacts sur les objectifs de l’entreprise pourraient être faibles.
Prenons, par exemple, la situation d’une entreprise disposant d’une forte trésorerie, qui l’inciterait peu à chercher des opportunités d’optimisation de celle-ci. Au sein de la cartographie, le risque de manque d’optimisation financière sera très certainement mineur voire inexistant. Dans un contexte business moins favorable, l’argent immobilisé constituera un risque nettement plus conséquent (endettement, pénalités financières, baisse du chiffre d’affaire…) pour l’atteinte des objectifs de l’entreprise.
Adopter une approche globale des risques en intégrant les points de vulnérabilités à traiter mais également les opportunités à saisir passe donc nécessairement par la mise à jour très régulière de la cartographie pour adapter cette dernière aux évolutions rapides du contexte de l’entreprise.