A l’heure où la cybercriminalité sur internet défraie régulièrement la chronique, l’incident de Vodafone nous rappelle que les incidents de sécurité peuvent également provenir de l’intérieur de l’entreprise.
Une attaque motivée par la perspective de gains financiers
L’enquête semble converger vers un prestataire de l’opérateur qui aurait réalisé le vol de données. Ce dernier a déjà été interpellé par les forces de l’ordre, preuve pour les plus sceptiques, de l’efficacité aujourd’hui des autorités sur ces dossiers d’attaques informatiques. Nous en saurons certainement plus dans les jours qui viennent sur ses motivations, mais la recherche de gains financiers ne doit pas être négligée. Aujourd’hui, un « enregistrement client » (nom, prénom, adresse…) peut se monnayer autour de 15 centimes de dollars, ce qui représente quand même plus 300 000 euros dans le cas de Vodafone.
En effet, plus de deux millions de données clients ont été dérobées, dont certaines informations bancaires. Ces données pourront servir à réaliser des attaques en phishing de « haute qualité », capables de tromper plus facilement les destinataires grâce à des informations fiables. Heureusement, les enregistrements les plus sensibles (numéro de carte, mot de passe…) semblent avoir été épargnés. Dans le cas contraire, l’impact aurait pu être bien plus important : des fraudes financières auraient pu être réalisées directement.
Prestataires et administrateurs : des populations à encadrer
Cet incident met à nouveau en lumière la faille majeure que représentent les fonctions d’administrations du SI. Sans préjuger de la situation de Vodafone, ces fonctions sont souvent externalisées à moindre coût dans des méga-contrats dont les contours sont toujours difficiles à cerner (qualification des employés, sous-traitance masquée, pays concernés…) et dont les mesures de sécurité censés encadrer les usages sont rarement vérifiées sur le terrain. Et cette situation se rencontre malheureusement dans de nombreux secteurs, même les plus sensibles. N’oublions pas qu’Edward Snowden, administrateur sous-traitant, nous dévoile régulièrement depuis le début de l’été des documents secrets de la NSA…
Des changements à entamer à la DSI et à la direction des achats dès aujourd’hui pour limiter les risques
Vodafone vient de voir son image écornée et les coûts de gestion de l’incident risquent d’être élevés. Au-delà des coûts directs liés aux investigations, le volet notification des clients peut être majeur. Les chiffres en provenance des États-Unis parlent d’un coût autour de 100€ par clients à notifier, nous sommes dans une fourchette rapidement supérieures à la centaine de millions d’euros.
Dans cette situation, et pour limiter les impacts, un contrat de cyber assurance peut être utile, mais attention il ne doit pas contenir d’exclusion sur les malveillances internes.
Au-delà de cette mesure de compensation, il est bien évidemment nécessaire de vérifier sur les périmètres les plus sensibles de l’entreprise, la qualité et la sécurité des processus d’administration. Il s’agit d’un chantier d’ampleur, qui au-delà de la mise en place de mesures techniques (mise en place de plateforme de rebond, journalisation des actions, limitations des comptes d’administration, utilisation de postes de travail dédiés non connectés à Internet…) est avant tout un projet de conduite du changement. Un changement à mener à deux niveaux, auprès de populations de la DSI souvent très (voir trop) autonomes dans la réalisation de leurs actions au quotidien qui doivent accepter la mise en place de mesure de sécurité et de contrôle, mais aussi et peut être surtout au niveau de la direction des achats pour valoriser les fonctions d’administration du SI et faire de la sécurité un des critères de premiers plans dans les contrats d’externalisation.