Les DSI doivent aujourd’hui sans cesse démontrer leur valeur auprès des Métiers alors même qu’elles subissent de fortes contraintes : une pression sur les coûts qui va perdurer, une accentuation des exigences des Métiers qui se traduit par plus de disponibilité, de réactivité et d’innovation. Comment, dans ce contexte, optimiser et fluidifier la relation Métiers – DSI tout en continuant à créer de la valeur ?
Orchestrer la gestion de la demande en bonne intelligence avec les Métiers
Le processus de gestion de la demande doit faciliter l’alignement stratégique et clarifier la prise d’engagement. De fait, la construction d’une vision pluriannuelle du portefeuille projets doit permettre de favoriser les échanges entre la DSI et les Métiers. La DSI peut ainsi partager ses contraintes (donc sa capacité à faire) ce qui facilite la compréhension des Métiers vis-à-vis de l’IT. Par ailleurs, mener efficacement la gestion de la demande implique des décisions d’arbitrage plus argumentées et fondées sur des analyses d’impacts approfondies sur le portefeuille projets d’une part mais aussi sur la stratégie IT de manière plus globale. De son côté, la DSI doit également être plus précise sur les engagements qu’elle prend, étape par étape pour clarifier la valeur apportée et les conditions de réalisation. Par exemple, en fin d’étude d’opportunité, la DSI doit s’engager sur des KPI coûts / qualité / délai extrêmement précis.
Parallèlement, il est essentiel de remettre sous contrôle le pilotage des évolutions. Car s’il est bien maîtrisé pour les « projets », force est de constater que les dérives budgétaires sont fréquentes côté « évolutions ». Plusieurs pratiques permettent pourtant de limiter ces dérives. D’abord, il faut savoir détecter les projets qui sont dissimulés dans les évolutions. Il n’est pas rare que des évolutions aient en effet des impacts sur les architectures ou sur les coûts du run. Ensuite, la mise en place d’une gouvernance spécifique pour les évolutions est nécessaire. L’introduction de mailles d’arbitrage assure une meilleure anticipation des dérives budgétaires et donne des leviers d’action. On retrouve, en général, les mailles d’arbitrage par regroupement (logique de train d’évolution) ou encore par enveloppe (logique de validation trimestrielle).
Challenger le choix des solutions et des niveaux de services
Dans un contexte de maîtrise ou de réduction des coûts, la DSI ne doit pas se limiter à une posture d’ « exécutant ». Elle doit au contraire développer une posture de conseil et de prescripteur vis-à-vis des Métiers.
Tout d’abord, la DSI doit proposer aux Métiers un choix entre des solutions différenciées et évaluées. Il faut en effet éviter d’aller trop vite vers une solution informatique là où un processus métier manuel reste plus rentable et concevoir des solutions équilibrant processus métiers et outils informatiques. La proposition systématique d’au-moins deux solutions crédibles en ayant mesuré leurs avantages et inconvénients (évaluation en termes de valeur et de coût) est également une bonne pratique.
Par ailleurs, la DSI doit se doter d’une offre de services différenciée. Cette offre intègre différents niveaux de services et fournit de véritables alternatives aux Métiers si tant est que ces services soient bien valorisés tant en termes de valeur que de coûts. La DSI doit également savoir créer de la rupture dans les services qu’elle rend, en identifiant des périmètres sur lesquels des offres low-cost sont pertinentes. C’est déjà le cas sur des services infrastructures comme la messagerie par exemple mais cela reste très marginal sur des services applicatifs.
Enfin, la DSI doit également renforcer la compréhension des coûts IT par les Métiers. Cela passe à la fois par une meilleure maîtrise de ses coûts IT mais également par la fourniture aux Métiers de clés de compréhension des paramètres influant sur les coûts IT dans leur langage. Il s’agit bien de redonner des leviers de maîtrise de la facture IT aux Métiers !
Donner à la DSI des rôles plus orientés métiers
L’évolution du cœur de métier de la DSI et de ses nouvelles responsabilités vers un rôle de partenaire exige une plus grande ouverture qui ne peut se faire sans une évolution des rôles et un apport de nouvelles compétences Métiers.
La DSI doit en effet s’approprier les enjeux de performance opérationnelle des Métiers et les décliner / diffuser au sein de la DSI. Des rôles vont renforcer cette diffusion : les business analysts pour traduire les besoins Métiers en solution IT, les architectes d’entreprise pour garantir la cohérence du SI avec ces mêmes besoins, etc. Il faut également créer de la proximité et de la légitimité avec les Métiers : le client manager, représentant des DSI au sein des Métiers, va garantir cette relation.
Au-delà de ces rôles, une évolution des compétences sera nécessaire. L’évolution vers la double compétence Métier / IT est assez évidente. Une évolution des compétences managériales sera également nécessaire pour renforcer la capacité de dialogue mais également l’excellence dans le pilotage des actions et des engagements.
Somme toute, renforcer la proximité avec les Métiers passe ainsi nécessairement par un changement de posture de la DSI. Ce partenariat Métiers / DSI ne sera possible que par l’évolution de la gouvernance, des processus de pilotage de la DSI et des rôles associés (incarnés par des acteurs précis dont le choix sera crucial).
Alors, prêt à changer de posture ?