Windows 8 a reçu un accueil mitigé
Après 9 mois d’existence, force est de constater que Windows 8 peine à convaincre le grand public. Pour les grands comptes, l’arrivée de Windows 8 suscite des réactions diverses.
Pour ceux qui n’ont pas encore fait le pas vers Windows 7, l’éventualité d’un passage vers Windows 8 a été écartée. Les raisons de ce rejet tiennent en deux points majeurs. D’une part, des surcoûts sont induits par la nouvelle interface utilisateur ModernUI, déroutante et nécessitant une conduite du changement renforcée. D’autre part, l’absence de support de la part des éditeurs et la faible visibilité sur sa mise en place génèrent un risque important pour la bonne tenue du planning.
Quant aux Grands Comptes ayant déjà déployé Windows 7 (ou qui sont en train de le faire), la plupart choisissent d’expérimenter Windows 8 auprès de populations nomades, majoritairement des profils commerciaux, en vue de les doter d’un terminal unique couvrant à la fois les usages de type poste de travail et tablettes (matériel dit « transformable »).
En effet, l’intérêt majeur de Windows 8 concerne le développement des usages mobiles et tactiles. Pour autant, si la DSI est enthousiaste à l’idée de gérer son parc de PC et tablettes de façon unifiée, la réaction des utilisateurs est quant à elle plus mitigée : en effet, les tablettes Windows 8 Pro restent encore à l’heure actuelle nettement plus lourdes que des matériels équivalents sous iOS ou Androïd.
Au final, les grands comptes ne se sont pas empressés pour adopter Windows 8. A l’heure où nombre d’entre eux accélèrent leurs chantiers de migration vers Windows 7 pressés par l’échéance de fin de support de Windows XP, seuls quelques-uns envisagent un déploiement tactique de transformables Windows 8 sur des populations ciblées.
Windows 8.1 : trois pas en arrière, un pas en avant
Fort de ce constat, Microsoft revient avec une nouvelle version : Windows 8.1. Cette version est marquée avant tout par une vraie remise en question des choix ergonomiques de Windows 8 : le bouton « Démarrer » est de retour, il est possible de démarrer directement sur le bureau et plus généralement de se passer complètement de l’interface ModernUI ! Il devient ainsi possible de « brider » le terminal pour lui donner une ergonomie beaucoup plus proche de Windows 7.
Les apports fonctionnels sont – quant à eux – plus mesurés. À noter toutefois la fonctionnalité de Workplace Join qui permet à un collaborateur d’intégrer ses devices personnels (smartphone et poste de travail) au SI de l’entreprise. Une fois joint, le device est reconnu en tant que périphérique personnel et peut se voir attribuer des accès aux applications de l’entreprise. De plus, il est possible de synchroniser du contenu professionnel (Work Folders) directement sur le device personnel. Les données sont marquées comme étant du contenu professionnel, via une gestion des droits numériques (type DRM), et peuvent être effacées à distance par un administrateur.
Avec Windows 8.1, Microsoft cherche donc avant tout à répondre en urgence aux inquiétudes des grandes comptes déroutés par ModernUI. Et en cela Windows 8.1 atteint son but. Reste la problématique du support des applications et le form factor peu avantageux des matériels Windows 8 : sur ces 2 points, éditeurs et constructeurs progressent, et il est raisonnable de penser qu’à horizon d’un an, ces freins auront été levés.
Un nouveau cycle de vie…oui, mais lequel ?
Mais avec Windows 8.1, Microsoft inaugure aussi une nouvelle stratégie de mise à jour de son OS. Finis les services packs : Windows sera désormais revu complètement sur un rythme annuel.
Si l’intention de Microsoft est claire – aligner le rythme d’évolution de Windows sur celui des concurrents (Apple et Google) – la firme de Redmond n’a pour l’instant donné que peu d’éléments concrets permettant d’en appréhender l’impact sur l’organisation des DSI.
Or, cet impact pourrait être majeur. En effet les DSI ont jusqu’à présent fait évoluer leur parc de poste de travail par paliers (migration de Windows 2000 vers XP, de XP vers 7) opérés à l’occasion de migrations majeures tous les 6 à 7 ans et nécessitant des chantiers très lourds de design, d’inventaires, et de mise en compatibilité du parc applicatif.
Les DSI devront-elles demain être capables de conduire ces chantiers en continu ? Et donc pérenniser des activités qui aujourd’hui sont menées en mode projet ? Pourront-elles maîtriser le cycle de vie de leur OS ? Ou seront-elles « forcées » à suivre le nouveau rythme imposé par Microsoft ?
Là encore, les grands comptes s’inquiètent… et attendent de Microsoft des réponses claires avant de s’engager plus loin. Un point c’est tout.
[Article écrit en collaboration avec Arthur Georges, consultant]