La question du mix énergétique est un sujet particulièrement complexe, tant par les implications (souveraineté énergétique, impact environnemental et poids économique) que par le nombre et la diversité des parties prenantes impliquées (entreprises, particuliers, régions, états…).
Dans ce contexte, les options restent ouvertes et l’histoire montre que le mix peut être transformé sur une dizaine d’années. La France a déjà conduit des mutations énergétiques par le passé avec l’hydroélectrique et l’électronucléaire. Plus récemment, l’Allemagne a annoncé son ambition de transition vers les énergies renouvelables (ENR).
Les technologies, les politiques et l’environnement économique évoluent. A l’heure où les engagements présidentiels visent une diminution du nucléaire de 75% à 50% grâce au développement des ENR, quel sera le mix le plus adapté à la situation française ? Quelles sont les ENR ayant le plus de potentiel dans l’Hexagone ?
Comment définir le potentiel des énergies renouvelables ?
Si le débat fait l’objet de nombreuses controverses, essayons de clarifier le problème en le reprenant à la source. De quel(s) potentiel(s) s’agit-il ?
- Les énergies privilégiées doivent répondre aux attentes de la France pour accompagner son développement économique. Cela nécessite de pouvoir assurer une production d’énergie croissante, de manière durable, économique et sûre.
- Pour tenir compte des objectifs de réduction de gaz à effet de serre d’un facteur 5 à horizon 2050, les ENR privilégiées doivent également contribuer à la décarbonisation de la production énergétique.
- La technologie doit pouvoir se développer dans la société existante. Cela requiert à la fois une faisabilité technique à horizon court / moyen terme et une acceptabilité sociale de la technologie, face à des attentes fortes de la population concernant la sécurité des riverains, l’impact sur l’économie locale et l’intégration dans le paysage.
À horizon 2020, quelles énergies tireront leurs épingles du jeu ?
Le mix énergétique ne saurait être la combinaison de deux ou trois grandes ENR. Pour des raisons de complémentarité, le mix restera la synthèse d’une diversité de sources thermiques et électriques, chacune contribuant dans une proportion variable. Néanmoins, les énergies peuvent être analysées selon leur croissance et leur poids attendu dans le futur mix énergétique :
- Géothermie Profonde et Solaire Thermique : une forte dynamique prévue
Avec une consommation finale passant de 48 Ktep en 2011 à 409 Ktep prévue pour 2020, la géothermie à usage électrique (température supérieure à 150°) est l’une des ENR les plus dynamiques. Encore marginale aujourd’hui, le gouvernement souhaite soutenir la filière avec l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) Géothermie du Programme des Investissements d’avenir.
Dans le registre thermique, le solaire vise une croissance de 96 Ktep à 927 Ktep. Très prometteuse grâce à une acceptabilité sociale élevée et à un impact environnemental minime, cette technologie souffre néanmoins d’une faible rentabilité économique, la contraignant à rester pour l’instant une énergie de « niche ».
- Éolien et Biomasse, les plus structurantes dans le Mix Énergétique :
Avec 15 900Ktep en consommation finale prévue à l’horizon 2020, la biomasse à usage thermique sera le « poids lourd » du mix énergétique des ENR. Complétement maitrisée sur le plan technologique et perçue comme positive, seul le coût futur d’approvisionnement du bois, ressource principale de la biomasse, reste une inconnue. Néanmoins, avec une forêt française au 3ème rang Européen en termes de volume, le potentiel de développement reste considérable. Sur le plan social et économique, la filière reste un vecteur d’emplois locaux et non délocalisables. Les difficultés à lever restent avant tout logistiques, pour acheminer le bois jusqu’aux lieux de production sans surcout prohibitif.
L’Éolien sera la 3ème source d’électricité renouvelable en 2020 d’après les objectifs nationaux cibles, avec 15% du mix. Après une croissance extrêmement dynamique depuis 2004 (passage de 500 à plus 12 000MW raccordés), la consommation finale devrait encore être multipliée par 3 d’ici 2020 ! Sûre, rentable et maitrisée, cette énergie présente néanmoins des points de vigilance :
- L’intermittence de sa production requiert le développement de capacités de stockage ad-hoc.
- Si la législation encadrant la construction des éoliennes a été extrêmement durcie depuis 2005 pour limiter les nuisances aux riverains, les turbines conservent une image négative. En conséquence, les délais pour la construction de nouveaux parcs s’allongent, freinant la dynamique et rendant incertain l’atteinte des objectifs 2020.
- Plus de 10 000 emplois en France dépendent directement de la filière éolienne, essentiellement liés au développement, à l’installation, à l’exploitation et à la maintenance des parcs. Cependant, 50% du parc éolien français (en puissance raccordée) est issu de constructeurs allemands (Enercon, Repower, Nordex), et les français ne représentent que 5% du parc avec Alstom et Vergnet.
Une politique énergétique française devant transcender le court terme
Si les objectifs de la France se concentrent sur 2020, il ne faut pas perdre de vue les innovations de rupture actuellement en développement dans l’écosystème des ENR. Parmi celles-ci, nous semble particulièrement importantes :
- Les avancées en termes de stockage des énergies intermittentes, nécessaires à la libération du plein potentiel de ces dernières et catalyseurs de leurs développements,
- Le changement de paradigme associé à la production d’énergie décentralisée ou latérale,
- L’impact de la généralisation des bâtiments à énergie positive,
- Le développement des énergies marines (Hydrolien, Houlomoteur, Éolien flottant), la France possédant l’un des potentiels les plus importants en termes de ressources disponibles.
Sources : ADEME.fr, http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/