Malgré tout le buzz autour de la technologie FCoE (Fibre Channel Over Ethernet), les mises en œuvre peinent à décoller. La convergence LAN/SAN via FCoE ne prend pas encore, y compris à l’accès, et la communauté semble s’accorder sur le fait que seule la prolifération de châssis Blade fera peut-être évoluer les choses. En effet, son seul véritable atout réside dans l’économie de cartes et de câblage… élément qui n’entre en ligne de compte qu’en cas de mise en œuvre nouvelle, sans existant préalable.
Mais si le transport du FCoE n’était pas le principal enjeu de la Fabric Ethernet, ce nouveau « super LAN » pour les Datacenters d’aujourd’hui ? En effet quels sont les drivers du marché actuellement ? Certainement pas FCoE mais plutôt le Cloud Computing et notamment dans ses déclinaisons “privées” !
Des infrastructures datacenter mises à mal par la tendance Cloud
C’est la démarche Cloud computing privé qui tire actuellement l’évolution des infrastructures datacenters en bouleversant les modèles établis et poussant à la fois la mise en place de VLANs (Virtual LAN) étendus au travers du datacenter et des débits plus élevés entre chaque point du réseau. La matrice de flux et les débits au sein du datacenter ont changé radicalement, d’une part du fait de la consolidation serveurs engendrée par la virtualisation et, d’autre part, à cause de la mobilité des machines virtuelles au sein du datacenter.
Les constructeurs de solutions Cloud ont donc dû innover : contraints par des infrastructures LAN historiques très statiques et hiérarchiques, ils ont intégré des solutions permettant de s’affranchir des limites des LAN existants actuellement, tel le Distributed Virtual Switch de VMWare qui ajoute une couche d’abstraction au-dessus des LAN physiques.
Le Cloud a dû innover pour contourner les limites des LAN traditionnels et séduit par sa démarche basée sur l’automatisation et la souplesse.
Une évolution nécessaire pour répondre aux enjeux…
Le LAN du Datacenter ne doit donc plus rester statique et être un frein à la mise en œuvre d’infrastructures de Cloud.
L’enjeu de la Fabric Ethernet est ainsi double : non seulement le LAN doit être étendu sans contrainte de débit ou de localisation géographique des ressources dans le datacenter, mais il doit également permettre d’apporter une exploitabilité bien supérieure.
Cette amélioration de l’exploitabilité passe par plusieurs éléments : une augmentation de capacité simplifiée (plug & play) et une automatisation de certaines opérations (application d’un profil de configuration sur le port LAN sur déplacement de machine virtuelle par exemple).
Surtout, on ne doit plus administrer un LAN datacenter boîte par boîte, ce qui est consommateur de temps et source d’erreurs.
Certains constructeurs LAN ont d’ores et déjà intégré cette nouvelle donne directement au sein de l’infrastructure LAN, comme Brocade dans une certaine mesure mais surtout Juniper avec sa QFabric ou encore l’initiative autour de d’OpenFlow et plus généralement, des « SDN » (Software Defined Networking).
D’autres constructeurs privilégient l’ajout d’une couche d’orchestration globale (Network Services Manager chez Cisco).
…avec un impact organisationnel
Cette approche vers un unique point d’administration amplifie toutefois l’impact d’une erreur humaine ou d’un bug. Les processus d’exploitation ainsi que le niveau des exploitants devront être adaptés s’ils ne le sont pas déjà, voire s’appuyer sur des outils de workflow de plus en plus souvent proposés par les équipementiers ou éditeurs, pour intégrer des étapes de validation des changements.
Une montée en compétence nécessaire des exploitants du LAN DC mais des changements allégés : un shift de la quantité vers la qualité des exploitants
En conclusion… vers une révolution de velours ?
C’est bel et bien une révolution, certes lente, qui est en marche au sein des LAN Datacenter… dans un silence assourdissant car complètement masqué par d’autres sujets qui font le buzz…
Mais le LAN Datacenter est encore loin d’avoir fini sa mutation, démarrée sous l’impulsion de la vague Cloud… et ce nouveau LAN, cette « Fabric Ethernet », n’est bien sûr pas indispensable dans tous les contextes – les « anciennes » architectures ont encore de beaux jours devant elles – mais c’est le seul à même de répondre de manière pertinente aux nouvelles évolutions du SI et à la souplesse et la réactivité qu’elles imposent.