Les plus perspicaces d’entre vous l’auront remarqué : la fin du monde n’a finalement pas eu lieu l’année dernière ! Mais 2012 a porté son lot de catastrophes, bugs, maladresses, black swans et autres interruptions d’activités en tous genres. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons sélectionné quelques incidents parmi les plus significatifs, de par leur nature ou leur impact.
Télécommunications : le réseau mobile Orange down
Si l’on demandait aux Français quelle panne les a le plus marqués en 2012, il y a fort à parier qu’ils parleraient d’Orange : au mois de juillet, l’opérateur (et d’autres par ricochet) a subi une interruption de son réseau mobile pendant plusieurs heures suite à un incident logiciel. Moins d’une semaine plus tard, c’était au tour d’O2 de subir le même sort au Royaume-Uni pour quasiment 24h. Preuve, s’il en fallait une, que l’on ne doit pas considérer la résilience des réseaux mobiles comme une évidence.
Énergie : la plus grosse panne électrique de l’histoire
Il en va de même pour les réseaux électriques. Si la dernière panne générale en France remonte à 1978, des interruptions significatives ont été enregistrées récemment (Chili et Japon en 2011, USA en 2008 et 2003). Fin juillet 2012, l’Inde a établi un triste record : la plus grande panne d’électricité jamais enregistrée, avec 670 millions d’usagers touchés pendant plusieurs jours. En cause : une capacité de production qui a du mal à suivre la croissance de la population et de la demande, combinée à une sècheresse qui a diminué la production hydro-électrique du pays.
Banque et finance : un des bugs les plus coûteux après le blackout aux USA de 2003 et la destruction d’Ariane 5 en 1996
Les pannes et bugs logiciels occupent une bonne place cette année dans le top des causes des incidents majeurs. C’est ce qui s’est passé pour Knight Capital, qui a subi en août l’un des bugs les plus chers de l’histoire : 440 millions de dollars envolés. Un système de trading haute fréquence mal qualifié est à l’origine du désastre, qui ne manquera pas d’alimenter les détracteurs de la finance. Knight Capital est d’ailleurs passé proche de la banqueroute et n’a pu éviter le rachat par un de ses concurrents début 2013.
Dans le secteur bancaire, impossible de passer sur la panne informatique de Royal Bank of Scotland (RBS). Provoquée par une erreur dans un batch, elle a exigé d’importantes et nombreuses opérations manuelles des équipes informatiques ce qui a fortement retardé le traitement. Plus de 15 millions de clients ne pouvaient plus retirer de l’argent ou faire des virements pendant une semaine ! Résultat : 219 millions d’euros de dédommagements pour la banque.
Services informatiques : le cloud, toujours le cloud !
Les belles promesses de résilience de l’informatique dans les nuages avaient déjà pris un sacré coup en 2011, avec des interruptions importantes chez la plupart des acteurs majeurs du secteur. L’année 2012 a fini de tuer le rêve.
Amazon est le grand vainqueur avec au moins 4 pannes majeures en 2012, dont une le jour de Noël. Les causes sont diverses : tempête et panne électrique, bug logiciel, erreurs réseau ou erreur humaine. Chez Microsoft, la panne mondiale d’Azure en février a viré au tragicomique lorsqu’il fut révélé qu’elle provenait d’une erreur logicielle liée à l’année bissextile ! Enfin, bien que moins importantes, Google a aussi connu son lot de pannes en 2012, tout comme Facebook et Twitter.
Catastrophes naturelles : l’ouragan Sandy … entre autres
Impossible de terminer ce panorama sans évoquer les catastrophes naturelles : inondations aux Philippines, séisme en Iran et en Chine, ouragan Sandy en Amérique du Nord… Selon le réassureur allemand Munich Re, les catastrophes naturelles ont causé environ 160 milliards de dollars de pertes en 2012 (400 en 2011 selon la même source, année la plus coûteuse de l’histoire en la matière), sans parler des nombreuses victimes.
Et en bonus…
Moins importants en termes d’impacts que ceux mentionnés ci-dessus, deux exemples d’incidents nous semblent pourtant pouvoir donner matière à réflexion.
En cette année d’élections en France où une nouvelle fois la question du vote électronique a été posée, deux incidents informatiques ont perturbé des processus électoraux : dans le canton de Vaud en Suisse et lors des primaires du Likoud en Israël.
Pour clore ce panorama, on se doit de citer les actes malveillants, liés à la cybercriminalité notamment, par exemple les importantes attaques DDoS contre des institutions financières aux USA ou l’infection de 30000 PC de Saudi Aramco (première compagnie pétrolière mondiale) par le virus très perfectionné Shamoon. On notera également les révélations du New York Times concernant l’implication des USA et d’Israël dans le virus Stuxnet en 2010, faisant encore monter d’un cran la pression sur la cyber-guerre.
Les années passent, les interruptions d’activité restent
Les années se suivent et ne se ressemblent pas1, mais les interruptions d’activité, catastrophes et autres bugs informatiques continuent de provoquer des problèmes majeurs.
S’il est important de mettre des moyens sur leur prévention, il est tout aussi nécessaire de savoir réagir. Le risque zéro n’existe pas et certains accidents sont aussi inattendus qu’inévitables. Dans ce cas, un PCA accompagné d’une gestion de crise efficace peuvent permettre de limiter grandement les dégâts !
[Article écrit en collaboration avec Gérôme Billois]
1Voir notre rétrospective des incidents 2011.