Les Smart Grids, à savoir la convergence entre IT et énergie pour apporter des réponses aux enjeux actuels de l’énergie, sont l’objet d’expérimentations de plus en plus nombreuses depuis ces dernières années. Ces expérimentations consistent, pour la plupart, à tester sur un panel d’utilisateurs de nouvelles offres ou de nouvelles technologies. Les premiers retours d’expériences permettent d’analyser les principes de mise en œuvre ayant conduit à en faire des succès ou des échecs.
S’il convient de mettre en place des règles de conduite de projet classiques à toute expérimentation visant à étudier des concepts d’offres ou de technologies innovantes, il apparaît qu’il existe des facteurs clés de succès spécifiques au domaine du Smart Energy. En particulier, la phase amont de ces expérimentations s’avère être déterminante pour leur réussite.
Réussir le cadrage des expérimentations Smart Grids en limitant le périmètre
Les sujets traités dans le cadre d’un démonstrateur Smart Energy peuvent être très variés. Il est donc crucial de fixer des limites claires au périmètre de l’expérimentation en y incluant des concepts simples, en phase avec un besoin jugé mature. En effet, des concepts trop précurseurs ou sur des services trop innovants sont souvent sources de confusion pour les utilisateurs.
S’inscrire dans un contexte favorable et assurer la cohérence budgétaire
Le contexte politique local est un élément clé, qui intervient notamment dans le choix du territoire de l’expérimentation Smart Energy, car pour assurer la réussite de cette dernière, disposer du soutien des collectivités concernées est déterminant. En ce sens, le lobbying auprès des sponsors de l’expérimentation (services publics, collectivité…) est un élément très important pour garantir son succès. Le fait qu’une expérimentation trouve son origine dans la réponse à une nouvelle contrainte réglementaire (se traduisant bien souvent par un Appel à Manifestation d’Intérêt proposé par l’ADEME) est un plus car il garantit, dans la plupart des cas, un soutien des services publics.
Par ailleurs, pour réussir une expérimentation, il est nécessaire d’assurer, dès le démarrage, une cohérence entre le niveau des objectifs et le budget disponible. Les modèles de financement tels que ceux proposé par l’ADEME grâce à ses Appels à Manifestation d’Intérêt permettent, par exemple, d’assurer cette cohérence.
Communiquer pour éviter le « buzz négatif »
Comme pour tout projet, la communication est un élément déterminant. Cela est d’autant plus important que la visibilité est très forte pour les expérimentations et il est parfois compliqué d’en parler : quels canaux utiliser, en quels termes… La question se pose d’autant plus pour éviter les confusions sur des territoires porteurs de plusieurs expérimentations.
Mettre en place un pilotage et une organisation projet efficace
Définir un pilote opérationnel (investi à 100% sur l’expérimentation), constituer une équipe projet et mettre en œuvre des actions pour embarquer tous les acteurs sont des facteurs de réussite pour ces projets, tout comme la prise en compte des aléas. Les organisations complexes (type consortium) nécessitent qu’un membre du groupe prenne une position de leader et de définir le rôle et l’intervention de chaque partie prenante. Il peut, dans ce cas, s’avérer indispensable de doter le groupe d’un statut juridique officiel, via un contrat de consortium par exemple, car cela permet de clarifier l’organisation.
Bien cibler ses expérimentateurs
Des études préalables définissant le nombre potentiel d’expérimentateurs éligibles pour le test d’une offre ou d’un matériel sont importantes afin de fixer des objectifs réalistes. La sélection des bons canaux de recrutement doit permettre de s’assurer de l’appétence des participants à l’expérimentation, tout comme le fait d’adopter une posture pédagogique.
Mettre en place une relation client efficace
Les expérimentations Smart Energy se déroulent sur des périodes longues, souvent de plusieurs années. Elles nécessitent de proposer aux utilisateurs un accompagnement personnalisé de bout en bout.
Elles ont donc deux spécificités : impliquer un grand nombre d’acteurs et aborder plusieurs thématiques en parallèle. Les facteurs clés de succès se concentrent donc dans la phase amont de ces projets. Une fois l’expérimentation démarrée, il est trop tard pour faire marche arrière.
Les premières expérimentations Smart Grid arrivent aujourd’hui dans une phase de « run ». La question autour des suites de ces expérimentations (généralisation, abandon de concepts innovants…) reste ouverte…
[Article écrit en collaboration avec Armand Raudin, consultant]
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