(Article rédigé en collaboration avec Adrien Calvayrac, consultant)
Dans la guerre qui met en concurrence Google et Microsoft dans le détrônement de l’Ipad, Google a opté pour une tablette low cost pour mettre en avant le contenu. Nous avons lors du premier épisode vu les forces et faiblesses de cette stratégie. Qu’en est-il de notre deuxième géant Microsoft ? Qui de de Google ou de Microsoft saura s’imposer ?
La convergence tablette – PC par Microsoft
Après le succès de la Xbox et l’échec cuisant du Zune, Surface marque le grand retour de Microsoft sur le secteur du matériel. Mais cette fois-ci, sa position est plus délicate puisqu’elle place l’entreprise en concurrence directe avec ses partenaires constructeurs. Même si Microsoft a annoncé que Surface serait avant tout une vitrine de promotion de Windows 8, visant à encourager son adoption au détriment d’Androïd, ses partenaires n’en demeurent pas moins inquiets
Avec Surface, Microsoft s’attaque au marché des tablettes sur deux segments différents. À travers la version ARM tout d’abord, la société espère concurrencer l’iPad auprès du grand public. De format similaire à ce dernier, elle embarque Windows RT et une multitude d’accessoires qui font défaut aux modèles de tablettes numériques actuels : port usb, lecteur de carte et grande capacité de stockage. Mais la nouveauté provient surtout du support intégré et de la TouchCover qui abrite clavier et pad : ainsi, la surface peut aussi bien être utilisée en format “tablette” que “PC”.
C’est ensuite le monde de l’entreprise qui est dans le viseur de Surface, à travers sa version x86. Dotée d’un port USB 3.0, et surtout d’un processeur de PC, elle embarquera Windows 8 Pro : de quoi se substituer à un ordinateur professionnel.
“Surface est un PC. Surface est une tablette” a dit Steve Ballmer, illustrant ce que Surface peut apporter à l’entreprise : la possibilité de fournir à ses utilisateurs un unique terminal bénéficiant des avantages des deux mondes : les applications pro, existantes dans l’entreprise pour l’un, la mobilité, l’image et l’expérience utilisateur pour l’autre. Mais au-delà de cette nouvelle approche, il faudra également compter sur l’écosystème riche de Microsoft, où la convergence peut aller encore plus loin : Pourquoi en effet ne pas envisager de commencer un jeu sur Xbox et de le continuer sur sa tablette ou son PC ? Ou encore, de basculer l’exécution d’une application pro de son PC vers sa tablette ou son smartphone, le tout grâce aux services cloud SkyDrive ? Ces scénarios pourraient réellement fédérer les utilisateurs et apporter de l’innovation par rapport aux usages actuels.
Hélas, c’est là également que se situe son talon d’Achille, car cet écosystème n’est pas encore équipé d’applications tablettes. Car si Windows 8 Pro permet de conserver ses applications historiques, Windows RT part de zéro : Microsoft devra être persuasifs pour séduire les développeurs et obtenir rapidement du contenu et faire face à un concurrent fort de plus de 250 000 applications pour Ipad.
Autre point faible de la tablette Microsoft, son prix. Une tablette Surface 32 Go coûtera 489 euros TTC, soit 100 euros de moins que son équivalent Apple. A cela, s’ajoute le prix de la « Touch Cover » qui culmine à plus de 100 euros. Avec un tel positionnement tarifaire il sera difficile pour Microsoft de justifier la pauvreté de services disponibles sur sa tablette Surface en comparaison de ceux disponibles sous iOS ou Androïd.
Microsoft n’a toujours pas divulgué le prix de la version Surface x86. Mais si ce prix se place au-delà des 800€, comme annoncé par certains constructeurs, sur quoi se portera le choix des utilisateurs (et des entreprises !) entre une tablette Surface, un Sony Vaio ou un Mac Book Air haut de gamme ? Vu sous un autre angle, les utilisateurs seront-ils prêts à investir 200 à 400€ de plus pour transformer leur PC en tablette, à performances égales ?
Une actualité à suivre de près…
De nombreuses questions restent donc ouvertes, et les prochaines annonces des constructeurs seront très attendues. Quel sera le positionnement tarifaire des Surfaces x86 ? Quel sera celui de l’iPad 7″, annoncé en octobre, par rapport à la Nexus 7 ?
Si Microsoft mise sur la convergence séduisante entre tablette et PC, qui pourrait être fort appréciée du côté des entreprises, cela reste porté par l’OS. La douce évolution du monde applicatif vers une indépendance vis-à-vis des OS pourrait-il faire pencher la balance du côté de Google, qui mise plutôt sur ses services en ligne ? Il faudra vraisemblablement attendre la fin d’année pour voir quelle stratégie a payé et qui est en mesure de croquer dans la pomme.
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