De l’art de mobiliser en situation de crise…
« Allo Bernard ? C’est Jacques ! Ton pro est sur répondeur, heureusement Philippe avait ton perso.
Désolé de te réveiller, mais notre SI est tombé. Apparemment, une mise en production s’est mal passée. Quelle application ? Aucune idée.
Philippe m’a chargé de mobiliser la cellule de crise. Du coup, tu peux regarder la procédure et appeler Simone avant de venir s’il te plait ? Rappelle-moi si tu ne retrouves pas le numéro. J’espère qu’elle sera là, c’est vraiment la galère on est en pleine clôture.
Envoie-moi un SMS pour me dire quand tu arrives. Au fait, tu sais où on se retrouve ? Non ? À l’Atlantis, salle du conseil. On verra en arrivant comment on prévient les collaborateurs.»
Bien que fictives, ces quelques lignes – qui évoqueront peut-être à certains des souvenirs – mettent en évidence les points clés d’un début efficace de gestion crise et les difficultés afférentes.
En effet, les différents acteurs doivent réussir à se contacter, relayer une information exacte, obtenir de la visibilité sur les disponibilités et, éventuellement, alerter massivement les collaborateurs ; alors même qu’ils sont en situation de stress, pas ou peu préparés, que les procédures et annuaires sont oubliés voire non mis à jour et que les moyens de communication habituels ne sont pas forcément disponibles.
Impossible dès lors de s’assurer que l’alerte a été correctement transmise jusqu’aux derniers maillons et que la mobilisation suffit à adresser la crise rencontrée. Sans parler de la probable difficulté à informer l’ensemble des collaborateurs de l’organisation.
Au vu de ces difficultés, le recours à un outillage spécifique à ces premières phases de crise peut se révéler pertinent.
Industrialiser l’alerte : des outils offrant de nombreuses fonctionnalités couvrant différents aspects de la gestion de crise
On distingue classiquement deux besoins d’alerte distincts lorsqu’une organisation doit faire face à une crise. Le premier est de monter le plus rapidement possible la cellule de crise appropriée à la nature du sinistre. Le second est d’alerter largement ses collaborateurs – éventuellement organisés en différentes populations – de façon pro active, tout en s’enquérant de leur condition (ce que ne permet pas l’usage d’un numéro vert).
Pour ce faire, il est possible de recourir à ce que les américains appellent un EMNS : Emergency Mass Notification System, ou outil d’alerte et de communication d’urgence, qui vise à éviter les écueils décrits plus haut grâce à différentes fonctionnalités.
En amont, un tel outil permet de définir des schémas d’alerte, listant les personnes à prévenir (sans limitation de nombre), l’éventuelle escalade, les moyens de communication à utiliser (mail, téléphone, serveur vocal interactif, sms voire fax, en distinguant les canaux principaux de ceux à activer en cas d’échec), et enfin la teneur du message, qui peut bien sûr être adaptée le jour J.
En cas d’alerte à déclencher, la personne d’astreinte dispose de différents moyens d’activation. Le principal est un portail internet, mais il est aussi possible de lancer une activation par d’autres médias (téléphone, sms, etc.).
Une fois l’alerte lancée, l’outil permet de suivre la progression du processus : échec ou succès des appels, retours des personnes contactées, etc.
Cette richesse fonctionnelle a pour contrepartie l’exploitabilité de la solution. Les interfaces sont riches et leur maitrise n’est pas immédiate, du moins en ce qui concerne le paramétrage.
La mise en place d’un tel outil peut aussi demander un investissement non négligeable, voire un développement spécifique pour assurer l’interface avec des éléments du SI de l’organisation comme l’annuaire des contacts. Les coûts d’entrée peuvent donc être élevés.
Au quotidien le coût est principalement constitué de l’abonnement, ces outils étant le plus souvent proposés en mode SaaS, notamment pour ne pas les exposer aux mêmes risques que ceux des clients. Les communications sont facturées à l’usage.
Un marché des EMNS loin d’être uniforme à travers le monde
Ces outils se sont principalement développés aux Etats-Unis, sous l’impulsion de réglementations fédérales (NFPA 72 2012 et DoD UFC 04-021-01). En mars dernier, le Gartner a mené une revue des EMNS présents sur le marché américain, qui a recensé plus de 50 fournisseurs ; 13 ont fait l’objet d’une étude détaillée, et 4 ont été positionnés dans le quadrant des leaders : Everbridge, MIR3, SendWordNow et AtHoc .
Pour autant, aucun de ces acteurs majeurs n’est présent en Europe, où l’on trouve généralement un acteur prépondérant par pays : Fact24 en Allemagne, AlarmTilt au Luxembourg, DolphinSystemsSikado en Suisse, etc.
Certains, comme Fact24 et AlarmTilt sont néanmoins présents sur le marché français, mais celui-ci reste atypique. Peu développé, il est en effet essentiellement adressé par des acteurs du telemarketing ou de la relation client qui ont su adapter leurs plates-formes à la transmission d’alertes (par exemple la solution GALA, qui équipe la majorité des préfectures, basée sur l’offre ContactEveryOne d’Orange ou la solution push SMS de Jet Multimedia).
Se positionnent également des acteurs issus de la surveillance et de l’alerte industrielle, avec des outils en mesure de s’interfacer avec différents canaux de communication pour proposer un service équivalent à un EMNS.
Consulter le marché pour trouver l’outil qui saura accompagner une organisation de crise définie au préalable
Avant d’envisager le recours à un EMNS, il est nécessaire d’être au clair sur sa gestion de crise et sur les modalités d’alerte et d’information de ses collaborateurs : acteurs mobilisés, messages délivrés, information avec acquittement de collaborateurs, etc. Comme à chaque fois, l’outil doit venir accompagner un processus en place, et non pas permettre de le définir.
Une fois ce pré-requis atteint, le recours à EMNS est de nature à accélérer les phases d’alerte et accompagner le dispositif de crise. Ceci est d’autant plus vrai pour les organisations de grande taille, géographiquement réparties ou ayant des modalités d’astreinte complexes.
Reste dès lors à trouver le bon outil, qui saura répondre au besoin, être disponible le jour J, et dont on est sûr que les communications seront transmises, le tout à un coût raisonnable. Pour y parvenir, il faudra se demander quelles sont les fonctionnalités qui serviront à accompagner la gestion de crise, et être en mesure de les distinguer de celles qui constitueront un plus. Puis consulter le marché sur cette base pour trouver l’outil adéquat.