Dans la plupart des grandes entreprises, des filières risques (RH, juridique, SI, …) sont désormais structurées et ont itéré plusieurs fois leurs principaux processus (cartographie et traitement des risques, contrôle, …). Cette évolution positive n’a toutefois pas modifié un constat partagé par la majorité des Risk managers et des Responsables métiers : la filière risques est aujourd’hui plus perçue comme un frein que comme un véritable soutien pour les métiers.
Des métiers sur-sollicités
Les Directions métiers sont aujourd’hui sur-sollicitées par une filière risques qui peine souvent à mettre en cohérence les démarches de recensement et de traitement des différentes typologies de risques (RH, juridique, SI, qualité, continuité…). La multiplicité des acteurs, démarches et planning entraîne une perte générale de lisibilité pour les métiers, qui en réaction s’impliquent moins dans le processus de management des risques.
Créer un cadre unifié pour la gestion des risques
Il est nécessaire de repenser les filières risques pour une meilleure intégration des différents canaux de remontée et de traitement des risques. Vis-à-vis des métiers, ces changements doivent se traduire par des sollicitations plus cohérentes, favorisant ainsi leur adhésion.
Deux axes majeurs pour opérer cette transformation : la convergence des pratiques et la rationalisation de la gouvernance des risques (voir notre article à ce sujet).
Un retour sur investissement difficile à percevoir
Difficile pour le métier d’évaluer à quel point le travail fourni dans le cadre de la gestion des risques a permis d’atteindre le résultat escompté si on ne le lui montre pas clairement ! Le gain associé aux efforts consentis est en effet difficilement perceptible, car le premier résultat d’une gestion de risques efficace, c’est bien l’absence de perturbations majeures sur les activités. La filière risques doit ainsi faire l’effort de mesurer les gains associés à ses actions, afin de mieux valoriser ces dernières auprès des métiers et leur faire comprendre l’intérêt qu’ils ont à s’impliquer.
Développer le « marketing de la filière risques »
Pour favoriser l’adhésion des Métiers, la filière risques doit développer sa capacité à intervenir en mode projet ou en phases d’étude à leur demande, en sortant d’un mode de fonctionnement aujourd’hui trop basé sur le récurrent.
Elle doit pour cela apprendre à se vendre, en assurant la promotion des services qu’elle peut offrir aux Métiers et des résultats qu’elle obtient. Cela doit contribuer, si ce n’est à inverser, au moins à rééquilibrer les flux de sollicitations entre les deux parties. Ces derniers partent en effet aujourd’hui majoritairement de la filière risques et non des Métiers, contrairement à la quasi-totalité des autres directions support ! La filière risque dispose de plusieurs moyens pour ce faire, au travers par exemple :
- de la structuration de « l’offre de la filière risque » : comment et sur quoi cette dernière se propose d’intervenir auprès des métiers, à leur demande ;
- de la valorisation des résultats obtenus, en trouvant des indicateurs pertinents et des exemples concrets pour les différentes typologies de risques ;
- de la détection des nouvelles opportunités qui apparaissent aux Métiers grâce à la bonne gestion des risques (moyens de valorisation en externe par exemple)
Un refus trop fréquent du risque
La filière risques est souvent perçue comme l’entité qui « sur-traite » voire refuse systématiquement le risque, plutôt que celle qui valorise la prise de risque maîtrisée.
Les métiers, au cours du processus de décision, attendent pourtant que les pertes potentielles soient analysées au regard des gains attendus. Réaliser cet exercice difficile et décider « en toute connaissance de cause » est de plus en plus complexe pour eux, et la filière risque peut les aider en cela, que ce soit sur un plan stratégique ou opérationnel.
S’aligner sur les objectifs des Métiers et veiller à ne pas sur-traiter les risques
La filière risques doit passer du refus trop fréquent du risque à l’assistance au métier dans la conduite de ses choix stratégiques et opérationnels, pour lui permettre d’atteindre ses objectifs en prenant des risques maîtrisés. Le gestionnaire de risques doit devenir un des soutiens indispensables dans les équipes chargées de mener des études ou projets stratégiques, via sa capacité à analyser de manière large et détaillée les risques et valider que la prise de risques permettra de générer de la valeur et est conforme à « l’appétence au risque » qu’exprime le métier. Dans un cadre plus opérationnel, il doit s’assurer que les projets intègrent bien la notion de risque tout en conservant ses missions récurrentes de cartographie et traitement.
Mais il doit surtout développer son rôle de conseil « à la demande du métier », en veillant à ne pas imposer des processus et solutions qui viseraient à « sur-traiter » les risques et donc à diminuer la performance de l’entreprise.