Depuis déjà 20 ans, les solutions de travail collaboratif pénètrent les entreprises. Ces solutions ont souvent été accompagnées de grandes promesses suscitant assez souvent de faux espoirs. Bien entendu, ces solutions ont aussi rendu de grands services pour la capitalisation de connaissances. Mais ceux qui les utilisent tous les jours savent que la distance qui sépare une « base de connaissances » d’un simple lecteur réseau partagé tend à diminuer au fil du temps et de l’usage.
Les réseaux sociaux : to go or not to go ?
Les dernières évolutions dans le domaine du collaboratif tendent à inverser la logique avec laquelle on adresse les problèmes. Les plateformes «classiques» favorisent la logique patrimoniale et promettent que l’accumulation des connaissances et les tentatives pour les organiser créeront de la valeur et tisseront des liens. Les réseaux sociaux inversent cette logique en partant du relationnel pour rendre la connaissance accessible. On peut dire aussi que lorsqu’ils sont accompagnés d’un moteur d’indexation performant, ils permettent de créer de la connaissance.
La popularité est-elle pour autant un gage de réussite et de productivité pour les entreprises ? Beaucoup d’entre elles hésitent encore. Le temps passé sur un réseau social d’entreprise n’est-il pas surtout une distraction ? Doit-on organiser ces réseaux sociaux d’entreprise et comment ? Est-il possible de mesurer leur efficacité ? On voit bien que beaucoup de questions se posent tant la transposition de l’usage personnel d’un réseau social à un usage d’entreprise est loin d’être triviale.
Toutes ces questions sont aussi certainement une opportunité pour 2012 et les années qui suivent. Une opportunité pour votre entreprise d’adresser des gisements de créativité et d’efficacité que l’on imagine bien plus importants que les gisements de pétrole ! Car les réseaux sociaux s’intéressent véritablement à la « matière » de base qui fonde la créativité, à l’énergie fondatrice : les relations humaines.
Tirer parti et non plus subir les réseaux sociaux
Il y a quelques années, John Husband inventait le concept de « wirearchy » pour rendre compte d’un nouveau mode d’organisation basé sur l’échange d’information entre personnes « interconnectées ». Un mode d’organisation plus spontané, parfois antagoniste avec la hiérarchie, mais en tout cas à la progression inéluctable. C’est bien connu. Quand vous êtes pris dans un courant fort, il faut savoir en tirer parti plutôt que de lutter contre et de vous fatiguer. L’enjeu pour les entreprises est donc de trouver des stratégies pour utiliser ce courant. Et ne croyez pas qu’il existe des recettes universelles ? S’adressant à une organisation humaine qui est fortement dépendante du métier, de l’histoire de l’entreprise, de son environnement, il faut trouver sa propre voie. Comment s’y prendre pour installer les usages et les nouveaux outils collaboratifs dans son entreprise est donc une affaire très personnalisée.
Évidemment les familles de stratégies doivent être maîtrisées: la restriction à des communautés sensibles et acculturées, au contraire une installation vaste mais modeste fonctionnellement, de multiples stratégies existent. De nombreux outils existent également. Mais aucun d’entre eux ne créera spontanément les conditions favorables à sa maturation dans le contexte de votre entreprise.
Je ne doute pas que 2012 sera également l’année qui verra se développer les offres d’accompagnement de plus en plus pertinentes. On voit déjà apparaître les prémisses méthodologiques qui permettent de diagnostiquer le fonctionnement collaboratif d’une entreprise et de mesurer l’apport de cette nouvelle génération d’outil collaboratif.
Enfin, comment ne pas voir dans le renouveau du domaine du travail collaboratif centré sur les interactions humaines, un signe enthousiasmant et pertinent en cette période de vœux, un contrepoids au cynisme ambiant, et surtout une excellente occasion de souhaiter à tous une excellente année collaborative et créative ?