Comment expliquer le choix récent d’HP?
Tous les analystes constatent que la rentabilité de la division PSG a toujours été moindre que la rentabilité globale de HP : la marge opérationnelle de PSG tourne autour de 6% contre presque 10% pour le groupe, en baisse pour la première fois depuis 5 ans. En se séparant de cette division, HP cherche à rassurer les marchés et ses actionnaires. Mais le marché ne semble pas réagir favorablement à cette annonce.
Les smartphones et les tablettes sont les deux produits de l’informatique personnel qui ont le plus fort potentiel de croissance. Avec le rachat de Palm, HP aurait pu occuper ce segment de marché prometteur.
Mais le paysage des OS pour les matériels mobiles est déjà bien encombré avec trois acteurs majeurs : Apple/iOS, Google/Android, qui occupent toujours plus de parts du marché (à deux ils représentent 75 % du marché américain) et RIM/Blackberry (23 %). Il ne reste que peu d’espace pour d’autres OS, et malgré les annonces rassurantes de HP concernant l’avenir de WebOS, le choix de s’appuyer sur celui-ci a probablement été une erreur stratégique qui lui a coûté les échecs des lancements de ses derniers produits.
Le retard pris par HP sur ce marché risquant de peser sur les résultats de l’entreprise sur le court terme, externaliser ou céder l’activité de la division PSG, permet à celle-ci de reprendre le temps de rattraper les autres acteurs et redevenir profitable.
Quelles peuvent être les conséquences pour les clients HP ?
La situation est aujourd’hui assez floue, les premiers retours montrent bien que les équipes opérationnelles ont été autant surprises que le marché. Et elles l’ont d’ailleurs fait savoir en modifiant les sites internet du groupe pour faire passer leur message de manière temporaire. Pour les clients, le passé montre que des mouvements similaires, en particulier celui d’IBM, a bien été accompagné. Mais ce mouvement était franc et orchestré. Le problème aujourd’hui c’est l’incertitude qui règne coté HP.
Quel serait un scenario envisageable?
Un critère clé dans ce secteur reste l’innovation. Le poste de travail connaît, ou va connaître prochainement, de fortes ruptures : arrivée en force des tablettes, premières initiatives de consumerization / Bring Your Own Device, l’acteur en charge de la division PSG devra à la fois s’emparer de ses évolutions, les porter auprès des grands acteurs et continuer à faire évoluer ses gammes classiques. Le challenge est important, et au-delà de la forme juridique que prendra la future structure, l’important sera d’évaluer son autonomie, ses moyens et son ambition pour décupler le succès historique d’HP.
Article publié sur le JDNet : http://www.journaldunet.com/solutions/systemes-reseaux/changement-strategique-chez-hp/benoit-paroissin-solucom.shtml