(Tribune rédigée en collaboration avec William Revah et Amal Boutayeb)
Si la continuité d’activité fait partie depuis longtemps des préoccupations de bon nombre d’entreprises, elle demeure néanmoins un sujet d’actualité pour 2011. Même sur le volet informatique, souvent le plus mûr, des évolutions sont à prévoir. Quasiment tous les grands comptes disposent aujourd’hui d’un plan de continuité informatique (PCI) performant, bâti à l’initiative des DSI pour répondre à la dépendance croissante des organisations au SI. Mais cela n’est plus suffisant.
Un PCI soumis aux innovations et aux nouvelles menaces
Le PCI se doit de suivre l’évolution rapide de la production informatique, pour en profiter au mieux. Parmi les innovations marquantes figurent la virtualisation et le cloud computing. La première peut faciliter grandement les opérations de bascule et de redémarrage, parfois même « à chaud » et sans interruption de service. Le second, par la révolution qu’il impose au SI, nécessite la révision intégrale du dispositif de secours.
Au-delà, le cloud computing peut également constituer une solution de secours en soi, alternative aux sites de secours classiques. Mais comme pour la production, il induit des risques pour la sécurité des données, et est souvent encore insuffisamment rassurant quant à la capacité réelle de reprise qu’il apporte.
Parallèlement, les exigences envers les PCI évoluent : en effet, de nouvelles menaces apparaissent régulièrement et ne sont pas couvertes par les plans actuels. La plus prégnante aujourd’hui est sans doute le risque de cyber attaque, choc « extrême » à propos duquel la réflexion s’engage à peine.
Faire mûrir le volet opérationnel
La continuité d’activité ne se limite pas à celle de l’informatique : les réflexions sur la continuité des opérations progressent également. Là encore, les chocs extrêmes constituent une limite forte aux plans actuels. La plupart des organisations savent faire face à l’indisponibilité d’un bâtiment, mais restent souvent démunies face à un sinistre de plus grande ampleur, type crue de Seine. Le traitement de cette problématique sera un des enjeux des années à venir.
Les prestations de services externalisées constituent également un sujet d’attention, compte tenu de leur importance majeure pour la plupart des organisations : comment identifier les prestations réellement clés, quelles exigences fixer aux prestataires, et comment s’assurer du respect des engagements ?
Enfin, la capacité à maintenir dans le temps les plans de continuité d’activité (PCA) est une problématique majeure : adapter en permanence le plan aux évolutions rapides des organisations et du SI nécessite une méthodologie rigoureuse pour capter l’évolution des besoins et des solutions, et vérifier en permanence leur adéquation.
Le déploiement progressif d’une norme ISO sur le sujet en serait-il un levier ? Largement issue de la norme BS 25999, elle adapte la notion de système de management aux processus de continuité d’activité. Les responsables PCA devront bientôt choisir entre se contenter de suivre les bonnes pratiques, ou aller jusqu’à l’alignement voire la certification.
Ne pas oublier les fondamentaux
Bien entendu, ces sujets d’actualité ne doivent par occulter les problématiques classiques de la continuité. Du bilan d’impact sur l’activité au maintien en condition opérationnelle en passant par le choix de la stratégie, le PCA doit rester un processus vivant, sous peine de disposer d’un plan inutile le jour J. Le maintien de cet effort dans un contexte budgétaire contraint est capital. Outre qu’il permettra d’assurer la continuité de l’activité au besoin, ce souci constant offre aux organisations l’opportunité de progresser sur un sujet de plus en plus sensible, la connaissance et la maîtrise de leurs risques. A ce titre, le PCA est bien plus qu’une simple assurance, et doit rester un sujet d’attention majeur pour les années à venir.