L’Open data, littéralement « données ouvertes » vise à rendre des données numériques accessibles et utilisables par tous. Ce mouvement s’impose petit à petit du côté du service public français. Dernier exemple en date : l’annonce par le gouvernement le 16 juillet dernier de la transcription sous ordonnance de la directive européenne du 26 juin 2013 qui obligera bibliothèques, archives et musées à libérer leurs fonds documentaires dans un an au plus tard. Côté entreprises, l’heure de l’« open » est au questionnement, quelques succès médiatisés d’Open API font des envieux…
Les 8 caractéristiques de l’Open data
Selon les critères retenus par L’Open Government Data1, pour être « ouvertes », les données doivent être :
1. Complètes : exception faite de celles relevant de la vie privée, la sécurité ou des privilèges d’accès,
2. Élémentaires : diffusées telles que collectées à la source, sans avoir été agrégées ou modifiées,
3. Opportunes : mises à disposition rapidement pour garder toute leur valeur,
4. Accessibles : au plus grand nombre d’utilisateurs possible,
5. Exploitables : dans un format qui permet leur utilisation ; lemonde.fr épinglait récemment la HATVP (« Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique ») sur le manque d’exploitabilité de ses données ouvertes. Le format .pdf utilisé pour la publication du patrimoine des ministres, le 27/06, a en effet contraint les data journalistes à un travail laborieux de structuration2,
6. Non discriminatoires : sans inscription préalable,
7. Non propriétaires : non soumises à un usage exclusif,
8. Libres de droits
Une ouverture des données timorée côté entreprises
Les fondements philosophiques et politiques de l’ouverture des données sont anciens (voir la déclaration des droits de l’homme de 17893). Mais, l’Open data bénéficie aujourd’hui de l’élan culturel et technologique du web 2.0, de l’internet des objets et du Big data qui favorise l’accessibilité et la réutilisation des données numériques. Il s’agit d’un véritable accès universel à l’information.
Côté institutionnel, l’Open data est en marche. En 2009, le gouvernement américain faisait décoller la tendance avec le site data.gov. En France, la mission Etalab, placée sous l’autorité du Premier ministre, est chargée en 2011, de la mise en ligne du portail interministériel data.gouv.fr. Depuis, l’essor du mouvement dans l’administration est surtout visible à travers les médias en ligne où les data journalistes « font parler » les données rendues publiques.
La consommation tout autant que la production Open data reste en revanche très timide du côté des entreprises françaises.
Quels avantages pour les entreprises ?
Les bénéfices des initiatives Open data sont variables :
- Pour le secteur public, ils s’articulent principalement autour de l’obligation de transparence4, du soutien à l’économie numérique et de l’amélioration des services de l’état.
- Les entreprises quant à elles s’intéressent à l’innovation autour de leurs données. L’une de leurs préoccupations majeures est d’ailleurs de contrôler leur réutilisation. Elles sont souvent séduites par le choix d’une ouverture moins « universelle », à travers des partenariats ou des services payants.
L’Open API : une ouverture alternative attrayante
L’Open API consiste à exposer à des tiers autorisés une interface de programmation permettant l’accès à ses données propres. L’accès aux services est sous contrôle du fournisseur mais l’orchestration des appels et l’usage des données qui en résultent sont du ressort du consommateur.
À l’échelle mondiale, cette tendance ne se dément pas depuis le milieu des années 2000. Twitter, google, facebook, netflix et accuweather affichent des milliards de requêtes par jour. En France, Crédit Agricole, Orange et la SNCF en sont les précurseurs. Ouvert en 2011, l’emblématique CA Store propose aujourd’hui près de 43 applications5 et son accès, un temps payant – 0,79€ par mois, est devenu gratuit en novembre 2013. Les modèles économiques restent à inventer…
Data ou API : que choisir ? Du reste, faut-il choisir ?
Une entreprise qui se lance dans l’ouverture a donc le choix.
Si l’entreprise cherche à développer son offre de service et est prête à investir, la stratégie API lui permettrait a priori de contrôler plus finement l’usage des données, de supporter des exigences de sollicitations plus fortes (temps réel, performance, montée en charge, logique métier notamment) et de cibler les développeurs qui portent les promesses d’innovation.
Si elle souhaite simplement optimiser le partage de données numériques vers un écosystème de clients, concurrents, partenaires, fournisseurs… en évolution, elle pourra se contenter d’une publication plus simple de donnée type Open data.
Rien n’empêche de combiner les stratégies pour différentier l’ouverture en fonction des types de données et adresser des cibles de consommateurs de données variées. Il faut en revanche avoir les idées claires avant de se lancer dans la démarche et la construction d’une plateforme.
1 Groupe de travail de l’Open Knowledge Fundation qui se présente comme le réseau social des passionnés de l’« ouverture ». L’Open Data Government n’est pas la seule structure à proposer des « règles » d’ouverture : la sunlight fundation a elle-même établi une liste de 10 critères… qui s’en rapproche.
2 http://data.blog.lemonde.fr/2014/06/27/patrimoines-des-ministres-une-transparence-encore-imparfaite/
3« La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ». Article XV du texte.
4 Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978; modifiée en 2005 par ordonnance : « Tout document détenu par l’administration, qu’il soit ou non produit par elle peut être demandé par un citoyen, directement ou (en cas de refus) par l’intermédiaire de la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) »
5 Voir directement sur le site https://www.creditagricolestore.fr/catalogue.html.