Même si de grandes tendances se dégagent aujourd’hui, le rythme et le périmètre d’adoption du Cloud sont propres à chaque entreprise : il n’y a pas de stratégie universelle Cloud. Comme l’a dit Lao Tseu, « un voyage de 1000 km commence toujours par un pas ». Mais comment faire pour savoir où aller et comment ? Existe-t-il des bonnes pratiques en la matière ? Lesquelles devrions-nous adopter ?
Des choix tactiques à court terme assez homogènes…
Il n’est pas surprenant aujourd’hui de voir bon nombre de DSI s’orienter vers les mêmes services Cloud, comme la mise à disposition de machines virtuelles ou de plateformes web, ou encore la messagerie en mode SaaS. Les travaux déjà réalisés en matière de virtualisation des infrastructures, d’externalisation des opérations IT et de standardisation des architectures web simplifient du reste l’évolution vers ce type de services.
Déployer de tels services relève plutôt d’une approche tactique, qui permet à la DSI d’obtenir des succès rapides et de démontrer sa capacité à offrir des services de type Cloud, tout en commençant à se confronter à ses impacts et à la réalité des offres du marché.
…en attendant une stratégie Cloud plus spécifique
Ces services ne constituent toutefois qu’une 1ère étape, la stratégie Cloud de chaque entreprise devant se bâtir sur une analyse plus fine du patrimoine SI de l’entreprise, application par application, comme l’illustre notre « arbre de décision Cloud » (voir schéma).
Cette analyse peut se faire dès à présent par le biais de l’incubateur Cloud qui, au fur et à mesure qu’il identifiera les périmètres éligibles, sera en mesure de bâtir un catalogue de services cibles et une roadmap permettant de rythmer l’adoption des services Cloud. Voici les grandes étapes de la démarche à suivre pour y parvenir :
- Identifier les applications et services IT éligibles au Cloud en évaluant la valeur apportée à l’entreprise, le niveau de confidentialité des données manipulées et le niveau de spécificité du système ;
- Rechercher des services SaaS pour les applications ou services dont l’usage peut être standardisé et dont la criticité (business ou sécurité) n’est pas bloquante pour envisager une évolution vers le Cloud ;
- Envisager le passage au PaaS ou au IaaS lorsqu’aucun service SaaS n’existe sur le marché ;
- Renforcer le niveau de standardisation des socles logiciels et techniques des applications aujourd’hui trop spécifiques à l’entreprise pour pouvoir trouver leur équivalent dans le Cloud.
Le marché étant dans une dynamique d’évolution rapide et perpétuelle, cette approche est à réitérer régulièrement et à enrichir d’une veille permanente sur les acteurs et les offres Cloud. Au-delà de la maturité des offres du marché, des critères plus spécifiques à l’entreprise peuvent influer sur son rythme d’adoption du Cloud. Ainsi, un niveau élevé d’industrialisation et d’externalisation facilitera et accélérera la transition vers des offres Cloud. De même, l’arrivée à échéance de contrats existants ou l’obsolescence de certaines solutions ou applications seront des opportunités d’évolution vers le Cloud, sans oublier bien sûr des ruptures plus fortes dans la stratégie de l’entreprise (forte réduction des coûts, fusion ou désimbrication de pans entiers du SI…).
Autant de facteurs qui, bien pris en compte, permettront d’aboutir à une stratégie Cloud spécifique et efficace !
Une cible hybride à anticiper
De même qu’il n’existe pas de stratégie Cloud unique applicable à toute entreprise, il est impossible d’identifier l’intégralité des services qui s’appuieront sur des offres Cloud à moyen terme, tant le marché est dynamique aujourd’hui. En revanche, une chose est sûre : le SI cible sera hybride et les services Cloud devront être parfaitement intégrés au SI traditionnel.
Alors préparez-vous ! En parallèle du déploiement des premiers services Cloud, plusieurs chantiers techniques et organisationnels transverses sont à lancer dès maintenant. Ces chantiers doivent permettre de maîtriser la prolifération des services Cloud et de faire face à un SI de plus en plus éclaté, tant géographiquement qu’en termes de responsabilité. Il s’agit en premier lieu de définir un cadre d’adoption des services Cloud (règles d’éligibilité, politique de sécurité, clauses juridiques et contractuelles) et de bâtir un socle d’intégration et de pilotage de ces services (architecture d’interconnexion, portail(s) self-service, Cloud Management Platform…). Ces évolutions majoritairement technologiques doivent s’accompagner d’une redéfinition des modalités de pilotage économique des services IT et de la définition d’un plan d’évolution des compétences, pour que la transition vers des services IT à l’usage s’opère en douceur au sein de l’entreprise, tant pour la DSI que pour les Directions Métiers.
Ainsi, la DSI se positionnera peu à peu comme un Cloud broker, proposant à ses utilisateurs (clients finaux, collaborateurs de l’entreprise ou équipes projet IT) des services accessibles au travers d’un ou plusieurs portails et offrant les moyens techniques (intégration, sécurité, pilotage) et humains (conseil, support, accompagnement au changement) nécessaires pour garantir l’usage de ces services dans de bonnes conditions.
Ces chantiers transverses doivent faire partie intégrante de la stratégie Cloud, au risque de ne pouvoir garantir la cohérence du SI à moyen terme…