Dans un précédent article, nous avons pu découvrir l’IAM of Things (IAMoT) et souligner les très fortes interactions avec les domaines de l’IAM et du Customer IAM (CIAM). Dans ce nouvel article, nous allons maintenant mettre en évidence les lacunes actuelles du marché à couvrir les besoins de l’IAMoT.
Quels besoins pour l’IAMoT ?
Il est possible de définir l’IAM comme une discipline permettant de « donner les bons droits, aux bonnes personnes, aux bons moments ». L’IAMoT vient ajouter une composante à cette définition pour permettre de « donner les bons droits, aux bonnes personnes et aux bons objets, aux bons moments ».
Mettre en œuvre des solutions pour permettre une gestion adaptée des identités des objets connectés se traduit donc par le besoin de prendre en compte :
- La gestion des identités des objets et de leur état (voir l’article détaillant le cycle de vie des objets) ;
- La gestion du contrôle d’accès et des habilitations :
- des objets sur le SI et sur ses données ;
- des objets sur les autres objets et leurs données ;
- des employés/partenaires de l’entreprise sur l’objet et ses données ;
- des clients finaux sur l’objet et ses données ;
- La gouvernance des identités des objets et la pertinence des droits associés dans le temps.
Tout comme pour l’IAM, pour chacun de ces domaines, il va être nécessaire de définir des processus, une organisation associée et des outils adaptés aux contraintes technologiques du projet.
La question est donc maintenant : vers quelles solutions s’orienter pour répondre à mes besoins ?
Des plates-formes IoT orientées connectivité et gestion de flotte
Le premier réflexe est de se tourner vers les services que peuvent fournir les plates-formes de gestion d’objets connectés.
En étudiant ces plates-formes plus en détail, nous avons fait le constat que leur priorité est déjà de couvrir les services essentiels pour la gestion de la flotte des objets connectés :
- gérer la connectivité multi-protocolaire des objets avec le SI de l’entreprise (SigFox, LoRa, 3/4/5G…) ;
- maîtriser l’inventaire des objets déployés et en assurer la configuration ou la mise à jour via un module de « Device Management » (LWM2M, OMA-DM, TR-069/CWMP…) ;
- permettre la remontée et la mise à disposition des données générées par l’objets (DTLS, CoAP, MQTT, AMQP…).
Ces fonctions s’accompagnent de solutions techniques d’authentification de l’objet sur les plates-formes mais celle-ci n’offrent aucune opportunité de couverture des besoins métier.
Dans ce cas, que font les acteurs traditionnels de l’IAM et du CIAM ? Puis-je me tourner vers leurs solutions qui sont aujourd’hui orientées sur la couverture des besoins des utilisateurs ?
Des marchés IAM et CIAM en mutation pour couvrir une infime partie du besoin IoT
Les éditeurs historiques de solutions IAM et CIAM ont compris l’énorme opportunité que représente l’IAMoT et orientent progressivement leurs offres et le discours associé sur ce marché. Néanmoins, nous constatons qu’ils ne couvrent encore que très partiellement les besoins identifiés ci-dessus et que selon leur capacité à innover le délai de mise en œuvre des nouveautés pourra être important.
Forts de leurs savoir-faire technologiques, ils se concentrent aujourd’hui quasi-exclusivement sur le volet contrôle d’accès. Ils offrent ainsi des solutions pertinentes pour permettre l’authentification applicative des objets sur le SI et la délivrance de jetons d’autorisation dont la gestion du contenu relève encore d’un défi propre à chaque projet. Sur les autres volets de l’IAMoT tels que la gestion de l’identité et de l’état des objets, la gestion du modèle de rôles liant objets / utilisateurs / identités internes / identités externes, ou la gouvernance des droits dans le temps, il est urgent que leur offre s’étoffe.
Dès lors, comment peut-on couvrir des besoins IAMoT bien présents malgré les lacunes du marché ?
Une hétérogénéité des usages rendant complexe la normalisation des pratiques et la standardisation des solutions
La diversité des usages et donc des modes de fonctionnement des objets connectés est évidemment à l’origine de la difficulté des éditeurs à proposer une offre générique adaptée à ses clients. Mais les projets IoT sont là et il n’est pas envisageable d’attendre que le marché prenne forme.
Mais si l’harmonisation est actuellement impossible au niveau global du marché, un effort peut être consenti au niveau de l’entreprise afin d’essayer d’harmoniser les réponses pour l’ensemble de ses usages IoT. Ainsi tout en cherchant à tirer parti de ce que propose le marché IAMoT, il est nécessaire d’envisager le développement modulaire des briques manquantes et en priorité celles ayant trait à la gestion des relations « objets / utilisateurs / identités internes / identités externes ». Attention toutefois à ne pas succomber aveuglement à l’utilisation des frameworks bas-niveau propriétaires proposés par les plates-formes IoT. Chacun devra être vigilant à conserver un niveau d’abstraction et d’autonomie suffisant pour ne pas être lié ad vitam æternam à un éditeur unique. Ce point d’attention est d’autant plus important dans un marché peu mature et en explosion où les bonnes idées se font et se défont.
Que faut-il retenir ?
Aucune solution du marché ne couvre l’intégralité des besoins fondamentaux de l’IAM of Things. Les plates-formes IoT se limitent aux fonctions de connectivité des objets, de gestion de flotte et de remontée de données. Les plates-formes IAM et CIAM n’offrent quant à elles que des réponses technologiques aux besoins d’authentification et d’autorisation.
Afin de combler les manques, chaque entreprise devra évaluer le besoin de se lancer dans le développement de ses propres modules applicatifs. Un effort tout particulier devra être entrepris pour atteindre un niveau adapté de généricité des modules pour l’ensemble de leurs usages et d’indépendance vis-à-vis des solutions éditeur.