C’était prévisible, et même attendu par les autorités : les « hacktivistes » ne pouvaient pas laisser passer la COP21 sans faire parler d’eux. Retour sur les les motivations, l’organisation de ces groupes et les conséquences potentielles de ces attaques.
Comprendre les mouvances « hacktivistes »
Équivalent « cyber » des activistes dans le monde physique, ces groupes sont constitués de multiples mouvances, souvent auto-organisées, qui se lient à une cause et utilisent des moyens d’attaques dans le cyber espace pour faire passer leur message. Il est difficile de parler de groupes « organisés » étant donné le nombre de structures qui existent, les différences d’idéologies revendiquées, et la multiplicité de causes défendues (lutte contre la finance, le terrorisme, la police, les « pollueurs »…).
Ils réalisent des actions telles que la publication d’information volées sur des sites, la modification de sites web officiels (defacement) ou encore des attaques en dénis de service visant à saturer des sites web et à les rendre indisponibles.
Leur force repose aussi sur la capacité à rendre publiques et visibles leurs actions, en particulier grâce à de nombreuses communications via les réseaux sociaux et le lancement « d’opérations » qui se fédèrent autour d’un thème et d’un hashtag associé.
Les premières attaques relatives à la COP21
C’est justement l’une des mouvances les plus connues, Anonymous, qui a fait parler d’elle. Tout d’abord le lundi 30 novembre, où le groupe d’abord attaqué le site de l’UNFCC (« United Nations Framework Convention on Climate Change »), réussissant à dérober des informations confidentielles telles que les noms, prénoms, coordonnées, mots de passe chiffrés, questions secrètes… Plus de 1500 personnes enregistrées sur le site seraient touchées par l’attaque.
Puis une deuxième attaque aurait touché un système de diffusion de vidéo révélant potentiellement les comptes et les mots de passe de 300 utilisateurs et employés de la société fournissant des systèmes utilisés par l’UNFCC. La sensibilité de ces données, en particulier vis-à-vis du rôle des personnes touchées, doit encore être confirmée. La motivation de ces attaquants : dénoncer les arrestations de dimanche à Paris suite aux manifestions en partie violente.
Un autre mouvement vise à révéler des informations compromettantes sur des entreprises ou des organisations accusés d’abuser des ressources naturelles. Cette campagne « #OpCanary », existante depuis plusieurs mois, connaît une activité plus forte depuis la semaine dernière et vise actuellement particulièrement le Canada et la société Barrick Gold.
Des conséquences sur les négociations ?
Même si la véracité des attaques et des données doit encore être confirmée, le premier objectif de ces attaquants est en partie atteint : ils font passer leur message publiquement. Au-delà des révélations de données, il est important de souligner que d’autres attaques pourraient être réalisées grâce aux données volées. En particulier les mots de passe, si les personnes concernées ont utilisés les mêmes sur plusieurs sites ou ordinateurs (ce qui est très courant comme le montrait une étude de l’OFCOM au Royaume-Uni avec des taux de réutilisation supérieur à 55%), leur révélation pourraient entraîner d’autres fuites de données. Et, si des officiels sont touchés, cela pourrait être encore plus dommageable en particulier sur les teneurs des négociations.
Affaire à suivre …