Quand la COP21 n’aura pas tenu toutes ses promesses…

Les chefs d’État ont déjà leurs billets pour Paris et les délégations nationales préparent depuis longtemps les négociations à venir. Le public est informé par la presse et une partie se mobilise, notamment en France pour peser sur les discussions. De grandes manifestations sont prévues le 29 novembre à la veille de l’ouverture de la COP 21. Une dynamique s’engage, nos espoirs sont grands. Il s’agit de notre avenir commun.

Mais que ressortira-t-il des négociations ? Gouverner c’est prévoir, alors imaginons un instant le pire. Imaginons un instant que le 11 décembre 2015 l’ambition des États et leurs engagements concrets soient insuffisants, à l’instar de ce qui s’était déjà passé pour le COP20. Que se passera-t-il alors ?

Les enjeux nationaux et corporatistes fleuriront aux premières difficultés

En toile de fond, la situation économique restera longtemps chaotique, suivant la courbe des volumes d’extraction de pétrole. 

Les États continueront de mener chacun leur politique (même en Europe où l’on voit de fortes disparités dans les mesures nationales malgré la coordination actuelle en vue de la conférence). Tous auront pris des engagements à Paris, mais les « mauvais élèves » se dédiront en partie aux premières difficultés financières. Et les bons devront faire preuve de persévérance pour ne pas sacrifier les projets de long terme.

Quelques lobbyistes du climatosceptisme continueront leur combat d’arrière-garde pour retarder l’application des lois.

Finalement, ceux qui agiront d’abord pour le climat, guidés par leur intérêt bien compris, seront les professionnels de l’énergie, les collectivités locales et le grand public.

L’intérêt bien compris des énergéticiens pour les renouvelables et l’efficacité énergétique

Les énergéticiens européens continueront d’investir dans les ressources renouvelables qui verdissent leur offre, les prémunissent contre l’augmentation potentielle des taxes carbone et les aléas du prix des hydrocarbures.

À l’autre extrémité de leur chaîne de valeur, ils feront la course aux services à partir du gigantesque réservoir des données de consommation de leurs clients. Leur capacité à développer des réseaux intelligents sera un actif stratégique pour l’avenir.

L’innovation viendra au secours du climat et se mettra au service des citoyens

Sur ces réseaux intelligents, de jeunes pousses imaginatives et capables de se faire connaître auprès des bons sponsors grefferont des services à valeur ajoutée. Ils aideront les consommateurs, à partir de modèles prédictifs, à court terme et échelle locale, à déclencher les gestes économes et efficaces : piloter sa chaudière, recharger son véhicule électrique, arbitrer entre usages…

Les grandes villes réduiront leurs consommations et leurs émissions de polluants

Enfin, partout où la démocratie s’exerce, les électeurs mettront sous pression leurs élus locaux. C’est en effet à l’échelle de l’agglomération que les responsables politiques sont le plus sensibles aux problèmes des citoyens et qu’ils ont latitude pour agir.

La ville consomme trop d’énergie en chauffage ou climatisation ? Ils accélèreront leurs opérations de rénovation sur le bâti public et développeront les aides aux particuliers : techniques (par le développement des thermographies par exemple) et financières (avec les chèques éco-logement en France par exemple).

L’air est irrespirable et les rues congestionnées ? Ils aménageront la voierie au profit des transports alternatifs (en commun, partagés, non motorisés, électriques…) et aux dépends des véhicules les plus polluants.

Les ordures s’amoncellent ? Sous la pression des habitants, ils préfèreront les trier, recycler ce qui peut l’être et valoriser la biomasse (biométhane et compost) plutôt que d’incinérer.

 

Au final, des ambitions locales et ponctuelles tireront les ambitions internationales. Entre la 21e conférence de Paris et la 22e de Marrakech, la transition énergétique continuera de s’opérer, indépendamment des décisions prises ou pas.

Restons néanmoins optimistes, puisque malgré la difficulté d’aboutir à des engagements internationaux, nous, citoyens du monde, avons l’opportunité de changer le futur du climat à notre niveau. Et gageons que cet élan citoyen trouvera progressivement écho dans un mouvement collectif plus global qui embarquera l’ensemble des entreprises, des institutions et des états. Peut-être que la COP 21 c’est aussi ça : semer quelques graines un peu partout pour qu’enfin la conscience collective prenne racine.

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