Au regard des espoirs que Microsoft avait projetés dans Windows 8 et Windows 8.1, l’accueil du grand public et des entreprises a été décevant. Son adoption est principalement due à la vente couplée du système d’exploitation et de PCs.
Début octobre 2014, Microsoft reprend son destin en main et lance une 1ère version d’évaluation de son futur système d’exploitation : Windows 10. Ce dernier est mis en circulation pour entamer une grande phase de séduction et de reconquête des décideurs et du grand public. Mais pourquoi passer de 8 à 10 ? L’idée est ici de marquer une rupture franche avec le passé.
Cette sortie anticipée a pour objectif d’obtenir un maximum de retours terrain avant la mise sur le marché finale prévue pour mi-2015 et perpétuant le rythme désormais triennal des sorties de systèmes d’exploitation. Cette sortie est aussi l’occasion de voir comment Microsoft se projette, en particulier sur le secteur des terminaux mobiles.
Microsoft doit faire ses preuves sur les terminaux mobiles
Plus de deux ans après sa sortie, le parc déployé sur les PCs de Windows 8 et Windows 8.1 (~18%) est légèrement supérieur au vieillissant Windows XP (~12%) tout en restant en retrait par rapport à Windows 7 (~56%) qui reste aujourd’hui le système d’exploitation majoritaire. Néanmoins, sur le marché en pleine mutation des terminaux mobiles la situation est totalement inversée, Android (~54,5%) et iOS (~31%) écrasent le marché et Windows reste marginal (~2%). Le constat que fait Microsoft est que l’omniprésence du PC dans un environnement de travail n’est plus garantie du fait de l’augmentation constante de la part des terminaux mobiles.
La révolution ergonomique proposée par Windows 8 et Windows 8.1 n’a pas trouvé son public. Pire ! Elle a mis Microsoft en difficulté. Par conséquent, Windows 10 arrive dans un contexte difficile et son adoption n’est pas acquise par avance. Des réponses doivent plus que tout être apportées sur les nouveaux usages (ATAWAD en particulier – Any Time, Any Where, Any Device) et sur son interface graphique. Microsoft a compris qu’il devait se remettre en question afin de séduire de nouveau le grand public et les entreprises.
Un positionnement désormais global pour couvrir l’ensemble des terminaux et des usages
Microsoft a confirmé que Windows 10 serait un système d’exploitation unique pour l’ensemble des terminaux qu’ils soient tactiles ou non : smartphones, XBOX, PCs, tablettes. Cette unification du système d’exploitation ouvre la voie à l’unification du Store applicatif. La récente communication de Microsoft sur le nombre d’applications présentes au sein du Windows Store(525 000 applications contre 1,5 million pour Google Play – 1,3 million pour l’AppleStore) démontre que ce dernier est désormais le nerf de la guerre pour séduire le marché. En particulier pour les entreprises, la mise en place d’un Store applicatif équivalent mais dédié, comme vecteur de distribution d’applications, permet d’envisager des réductions de coûts.
Le défi que doit relever Microsoft est la possibilité de développement unifié des applications, quelles que soient l’architecture sous-jacente (ARM, x86, x64), les form factors des terminaux (écran de petite taille en mode portait jusqu’au grand écran en mode paysage) et les périphériques de saisie (dalle tactile, clavier physique ou virtuel, souris …). Ce dernier point était par exemple l’un des griefs principaux faits à Windows 8, son interface ayant été pensée tactile et finalement peu exploitable en mode clavier/ souris. Malgré les efforts d’évangélisation menés par Microsoft pour conforter les possibilités de développement unifié au travers de ModernUI, à ce jour des doutes persistent sur la faisabilité. Par ailleurs, les applications dites « traditionnelles » restant majoritaires, leurs conversions et redéveloppements en ModernUI vont nécessiter des investissements conséquents sur plusieurs années.
La question résiduelle sur laquelle il n’est pas encore possible de statuer est l’empreinte en termes de ressources requises au bon fonctionnement de Windows 10. Sur PC les besoins en ressources sont similaires à Windows 8.1. Sur les terminaux légers (smartphones et tablettes) le confort d’utilisation reste une interrogation majeure.
De 1ers résultats prometteurs pour Windows 10, mais des incertitudes persistantes
Les évolutions apportées à l’interface graphique vont dans le sens d’un alignement de l’ergonomie avec Windows 7. En effet le Menu Démarrer fait son grand retour. Les applications ModernUI subissent aussi des évolutions importantes avec la possibilité d’exécution en mode classique couplée à une adaptation des informations affichées selon la taille de la fenêtre (sur Windows 8 et Windows 8.1, le mode plein écran était obligatoire). Il s’agit d’une 1ère étape pour le support natif des tailles et résolutions d’écrans variées.
Dans un 2nd temps, Microsoft prévoit d’implémenter des mécanismes permettant d’adapter le comportement Windows 10 en fonction des périphériques de saisie détectés. Le but étant de déporter la gestion des interfaces de saisie au niveau du système d’exploitation. La vertu de cette approche est que tout type de terminal fonctionnant sous Windows 10 pourra désormais exécuter les applications sans avoir à gérer le type d’interfaces utilisées. Ce mode de fonctionnement permettrait d’alléger le processus de développement des applications de la plupart des tests de validation de bon fonctionnement, phase généralement coûteuse en termes de budget et de temps.
Le dernier point est la tarification de Windows 10. Les 1ères pistes laissent présager une approche en mode « rupture » (un coût réduit voire une gratuité envisagée des mises à jour depuis Windows 8 et Windows 8.1 ), confirmant le fait que le système d’exploitation devient une commodité permettant de consommer des services (en particulier Office 365) depuis tous types de terminaux sans contrainte.
Des orientations prometteuses qui permettent aux entreprises d’envisager plus sereinement les réflexions nécessaires au remplacement de Windows 7 qui aura atteint la moitié de son cycle de vie en janvier 2015.
Le grand public un vecteur de pénétration en entreprise ?
Les retours d’expérience basés sur la pénétration des nouveaux terminaux mobiles depuis la sortie de l’iPhone en 2007 montrent que les entreprises sont de plus en plus soumises aux tendances du marché et doivent se questionner sur le phénomène croissant du BYOD. En effet, les utilisateurs souhaitent disposer de terminaux professionnels aussi avancé que ceux qu’ils ont à titre personnel.
Nos retours terrain nous laissent présager que sur le PC, Windows 10 trouvera facilement son public car il répond, de par son interface graphique, aux attentes communes du grand public et des directions IT. Microsoft a en tous cas bien démontré sa volonté d’aligner son système d’exploitation aux besoins des entreprises et aux attentes du grand public. Néanmoins sur les terminaux mobiles, en comparaison de Google et d’Apple, Microsoft présente un fort déficit d’image et l’adhésion est loin d’être acquise. Pénétrer le marché reste néanmoins possible et Microsoft mise largement dessus. Il suffit de regarder les nombreuses initiatives menées auprès du grand public (publicité, etc.) et des dirigeants (campagnes de séduction lors du lancement de la version d’évaluation de Windows 10, volonté de BMW de migrer sa flotte de mobiles sur Windows). Si l’adhésion se confirme, les entreprises pourront clairement y trouver un fort intérêt en termes de rationalisation des outils de gestion de parc et de sécurité (réduction des besoins en outils tierces) et de développement des applicatifs métiers.
Quoiqu’il en soit, Microsoft n’a pas encore tout dévoilé et il compte bien enrichir encore Windows 10 avant de le sortir !