Phénomène confidentiel connu dans les startups du web au début des années 2000, le « Cloud computing » est aujourd’hui devenu le « Cloud ». Concept de consommation à la demande de ressources informatiques plus que de technologies en particulier, il s’est d’abord épanoui au travers des offres grand public : stockage de fichiers, accès mails, outils bureautiques, sans oublier les réseaux sociaux… Les utilisateurs s’y sont habitués, inscrivant cette nouvelle façon de consommer dans les mœurs : accessibilité par internet, attractivité des coûts et ergonomie des services. De leur côté, les fournisseurs se sont mis au cloud-washing d’une large variété de leurs produits, allant du simple stockage de photos personnelles à des serveurs « nouvelle génération ». Le marché du Cloud offre d’importantes perspectives : il devrait atteindre 6 milliards d’euros en 2016 en France avec une croissance de près de 50% par an d’ici là (IDC). Regardons de plus près.
Une adoption motivée par réduction des coûts et recherche d’agilité
Malgré la dynamique du marché et la promesse de gains sous-jacente, les DSI des grandes entreprises tardent à se mettre en mouvement, réagissant plus au Cloud qu’elles ne l’anticipent. Elles le privilégient essentiellement pour des usages à risques techniques limités et à ROI rapide, principalement en IaaS et en SaaS.
SaaS : une utilisation massive des services standardisés
Le SaaS est aujourd’hui le principal vecteur d’adoption du Cloud. L’adoption du SaaS est centrée sur les fonctions support dont l’usage est standardisé (bureautique, messagerie, CRM, paie…). Le SaaS est également fortement sollicité pour les services de sécurité (antivirus, proxy, services de tests d’intrusion…) qui nécessitent une puissance de calcul importante, des évolutions en cycle court ainsi qu’une disponibilité maximale pour des employés de plus en plus mobiles.
PaaS : une adoption encore confidentielle
C’est le segment le moins bien appréhendé par les grands groupes aujourd’hui. Il correspond à la fourniture d’une plateforme d’exécution de code informatique. Il permet la mise à disposition d’une application en limitant très fortement les opérations sur les couches sous-jacentes (systèmes, bases de données, serveurs d’applications…). Le PaaS reste aujourd’hui cantonné chez les grands comptes à des usages « jetables », comme des prototypes ou des sites web temporaires (événementiels).
IaaS : des déploiements essentiellement en mode « privé »
Le modèle IaaS, fourniture de machines virtuelles (VMs) et ressources associées depuis un Cloud, qu’il soit public ou privé, permet d’introduire davantage d’agilité. Les grandes entreprises déploient aujourd’hui beaucoup de IaaS privés, dans l’optique de capitaliser sur leurs compétences internes et leurs investissements en infrastructures. De son côté, le IaaS public est mis en œuvre de façon très ciblée, par exemple pour une filière web, ou dans une logique de « bac à sable ».
Pour autant, grâce à la consolidation à grande échelle, c’est le modèle public qui permet d’obtenir les gains fonctionnels et financiers les plus importants. C’est pourquoi les stratégies de déploiement de IaaS privés sont ou doivent être considérés comme une étape sur une trajectoire plus ou moins long terme de généralisation d’IaaS public.
Un avenir qui promet plus d’innovation et de valeur ajoutée
La 1ère phase d’adoption du Cloud est motivée par la recherche d’économies et l’optimisation du niveau d’agilité. Ces prochaines années, le marché devrait évoluer pour offrir des solutions avec une valeur ajoutée de plus en plus forte, pour répondre à la fois aux offreurs en quête de relais de croissance et aux entreprises utilisatrices souhaitant optimiser leur marge en se recentrant sur leur cœur de métier.
Le SaaS devrait s’imposer dans les entreprises comme le choix par défaut. Les éditeurs de logiciels vont proposer de manière systématique leurs solutions en mode SaaS, en partenariat avec les fournisseurs IaaS. Ils s’assureront ainsi des revenus constants et proposeront à leurs clients des services très industrialisés, flexibles et au meilleur coût.
L’usage du PaaS devrait exploser lorsque les problématiques de portabilité des applications, bien souvent surestimées, seront résolues. Il devrait alors devenir le socle d’exécution par défaut de toutes les applications qui ne seraient pas consommées en SaaS. Ces plateformes vont s’enrichir pour fournir aux développeurs un maximum d’accélérateurs et de nouvelles possibilités (composants et connecteurs pré-packagés, services de sécurité, réseaux de distribution de contenus… ) et donc en faire un choix par défaut dans les filières de développement.
Par ailleurs, les éditeurs de progiciels devraient rapidement proposer leurs solutions en mode pré-packagé pour les plateformes PaaS du marché. Le IaaS devrait perdurer pour adresser des besoins applicatifs très spécifiques. Mais il ne permettra pas d’aller chercher toutes les économies d’échelle d’une approche Cloud.
Ce sont le SaaS et le PaaS qui porteront le marché demain.