Le SDN (Software Defined Networking) constitue l’un des buzzwords du moment dans le monde des infrastructures informatiques. Ce concept, né en 2006 d’un groupe de recherche de l’Université de Berkeley et Stanford, a bouleversé l’approche traditionnelle des réseaux. Mais qu’en est-il réellement ? Au-delà de la théorie, qu’a-t-il changé concrètement ?
Les prémices du SDN
Il n’existe pas de définition unique du SDN (Software Defined Networking), chaque acteur du marché (équipementiers, éditeurs logiciels …) l’adapte à sa propre vision. Pour comprendre cette notion SDN, il faut s’attacher à son principe de fonctionnement : centraliser la gestion des flux réseaux.
Le SDN est né des travaux de recherche réalisés à l’Université de Berkley et Stanford. Son objectif est de revoir le fonctionnement des réseaux traditionnels actuels, caractérisés par la concentration du control plane (couche de gestion des flux, signalisation) et du data plane (couche de transit des données) au sein des équipements réseaux. Le principe du SDN est de désolidariser ces deux couches en rassemblant les fonctions ‘‘intelligentes’’ (control plane) au sein d’un équipement centralisé (le contrôleur).
Fin 2006, afin de concrétiser cette nouvelle approche, Martin Cassado et Nick McKeown de l’Université de Stanford, lancent de nouveaux travaux de développement d’un protocole permettant de mettre en pratique les principes du SDN. Ces travaux vont aboutir au développement du protocole OpenFlow.
Quelques équipementiers réseaux se sont intéressés au concept dès ses prémices, notamment en contribuant à des projets de recherche en collaboration avec les universités à l’initiative du SDN. Parmi ces sociétés, HP a collaboré dès 2007 avec l’Université de Stanford au développement d’Ethane, prédécesseur d’OpenFlow.
C’est en 2011, avec la création de la Open Networking Foundation (ONF), que les travaux de normalisation autour du SDN et de l’OpenFlow vont commencer. L’Open Networking Foundation est un consortium d’entreprises (opérateurs, constructeurs …) qui travaille au développement du SDN et à sa standardisation.
Le SDN est encore à l’époque un marché en retrait, en dépit d’initiatives à l’image de celle lancée aux US par Internet2 (Internet réservé à l’éducation et à la recherche) pour un réseau SDN à 100 Gbit/s Ethernet au standard OpenFlow prévu pour mi-2013.
Rachat de Nicira Networks par VMware : coup d’accélérateur pour le SDN
Le 23 Juillet 2012, VMware crée l’événement en annonçant le rachat de Nicira Networks, jeune entreprise pionnière et spécialisée dans le domaine du SDN, pour la somme de 1,26 milliard de dollars. Nicira Networks qui n’a que 5 ans, n’est autre que l’entreprise fondée en 2007 par Martin Cassado, Nick McKeown et Scott Shenker les pères du SDN et de l’OpenFlow.
Cette nouvelle alliance entre le géant de la virtualisation et l’un des pionniers du SDN confirme l’entrée de VMware dans le domaine du réseau et sa volonté de le faire évoluer. Les propos de Paul Maritz, CEO de VMware à l’époque de l’acquisition, confirment cette analyse : « VMware a conduit la révolution de la virtualisation des serveurs, et nous avons l’opportunité de faire la même chose dans l’univers du datacenter et du réseau en tant que service ».
Nicira Networks et sa technologie SDN s’adosse à la force de frappe commerciale de VMWare, ce qui pose la question de l’arrivée du SDN dans les datacenters. Ceci marque le début de la diffusion du SDN et de sa vulgarisation dans le domaine de l’lT.
Avril 2013, est marqué par la création du OpenDaylight project, qui travaille au développement d’un contrôleur open-source. Ce projet de développement est soutenu par la plupart des acteurs réseaux.
Le SDN, où en est le marché ?
Le SDN remet en question le modèle des grands acteurs du réseau : s’ils n’intègrent pas le SDN à leur stratégie, ils pourraient se retrouver cantonnés à vendre des boîtiers de commutation. Les équipementiers doivent donc intégrer le SDN à leur stratégie.
Ainsi, pouvoir proposer des équipements ou technologies basées sur du SDN devient une priorité et on assiste au rapprochement ou au rachat de petites startups spécialisées dans le SDN par les grands acteurs des réseaux et du logiciel : Oracle rachetant la startup Xsigo qui offre des services réseaux basés sur le SDN, Brocade décidant de renforcer ses recherches de R&D à travers le rachat de Vyatta, Juniper s’alliant à la société Contrail ou encore Cisco se rapprochant de la société Insiemi. Des acteurs comme HP se sont intéressés très tôt au SDN et se positionnent aujourd’hui parmi les leaders du marché.
Le 16 septembre dernier, le grand public a pu assister en direct au Webcast de Juniper, présentant sa solution SDN basée sur le contrôleur Contrail qui s’intègre dans l’orchestrateur IBM SmartCloud Orchestrator. La stratégie présentée par Juniper vise le secteur privé en offrant des solutions intra et inter-datacenter, mais l’ambition affichée est aussi de faire sortir le SDN des datacenters en s’adressant aux réseaux opérateurs.
Pour les entreprises, le SDN peut représenter un levier pour gagner en flexibilité et optimiser les coûts réseaux. Par ailleurs, le marché du SDN reste très orienté datacenter et doit encore convaincre les réseaux opérateurs qui restent, à l’heure actuelle, la chasse gardée des solutions réseaux traditionnelles.