Le smart energy consiste à s’appuyer sur les « réseaux intelligents » pour offrir aux consommateurs particuliers un « pilotage énergétique intelligent ». Il est aujourd’hui à un tournant de son développement. Au-delà de l’évolution des équipements et de leur déploiement, c’est bien la valeur perçue par le consommateur final qui en déterminera le succès – ou l’échec. La technologie n’est plus qu’un moyen au service d’usages à mettre en avant auprès des consommateurs.
En quoi consiste le pilotage économique intelligent ?
Le pilotage économique intelligent repose sur trois leviers d’action : mesurer, analyser et agir.
Mesurer sa consommation : la première étape visible pour le consommateur est le compteur Linky, équipement d’interface entre le réseau et l’installation intérieure du client. Il constitue une brique importante de l’ensemble mais il ne peut pas, à lui seul, répondre aux attentes des consommateurs. En effet, il fournit à tout moment les données de consommation globale, mais il ne mesure pas directement la consommation des équipements d’usage. Ce sont des systèmes de mesure placés sur les équipements d’usage (les smart plugs) qui permettront d’avoir une connaissance plus fine de sa consommation.
Analyser sa consommation : l’analyse permet d’identifier les gisements d’économie sur lesquels il est possible d’agir. La base de l’analyse est notamment constituée par la comparaison avec des consommations précédentes ainsi qu’avec des consommateurs comparables, en termes de logement et de composition familiale. Cependant, elle n’est efficace que si elle prend en compte les données climatiques et se basent sur une unité de temps courte.
Agir sur sa consommation : Pour agir sur les équipements d’usage, il existe aujourd’hui des smart plug, permettant de démarrer ou d’arrêter un équipement. Cependant, l’avenir est à l’intégration des fonctionnalités smart à l’intérieur même des équipements, notamment pour le gros électroménager. Les constructeurs d’équipements électroménagers (LG ou Whirlpool par exemple) commencent à travailler aujourd’hui sur ces nouveaux équipements, ce qui a donné naissance au terme d’électroménager 2.0.
Quelles sont et quelles seront les attentes des consommateurs particuliers ?
On peut imaginer plusieurs grands profils : les « éco-engagés », les « éco-responsables délégants », les « contrôlants » sans oublier les « indifférents », voire les « réfractaires ».
Ces profils se distinguent par le niveau d’expertise sur le sujet.
Une minorité de consommateurs constituera le profil « éco-engagés » : ils chercheront des services de suivi pour piloter eux-mêmes leurs usages en temps réel. Ce profil va donc rechercher des offres d’outils d’interface ergonomiques lui permettant d’analyser rapidement les données et de prendre et transmettre les décisions de régulation aux équipements concernés.
La plupart des consommateurs seront probablement des « éco-responsables délégants » : ils chercheront une offre simple leur permettant d’obtenir cet optimum éco-efficace sans intervenir, en temps réel dans la gestion des usages. Ce profil va donc rechercher un prestataire de service à qui confier le pilotage de sa consommation. Dans ces deux cas, les offres à développer doivent permettre un équilibre entre des bénéfices tangibles perçus et les efforts consentis.
La difficulté réside dans le fait qu’il ne s’agit pas, aujourd’hui, d’attentes exprimées mais d’un exercice prospectif sur un univers de pratiques inconnues.
Comment développer la motivation à agir des consommateurs?
La prise de conscience environnementale est primordiale pour assurer le succès des technologies Smart Grid et impliquer les consommateurs particuliers dans le pilotage intelligent de leur consommation d’énergie : les consommateurs doivent devenir des « consommacteurs » d’énergie
Pour développer réellement une consommation plus intelligente de l’énergie, il faut créer des conditions pour que le coût de l’énergie soit perçu par les consommateurs, ce qui suppose des offres tarifaires spécifiques.
Les heures pleines / heures creuses actuelles ou les tarifs spécifiques en jours de pointe (tarifs EJP puis Tempo) sont une première étape pédagogique et efficace. Mais des dispositifs beaucoup plus fins vont désormais pourvoir émerger.
Ce « signal tarifaire », c’est-à-dire une offre tarifaire permettant au consommateur de percevoir et de valoriser les différentiels de coût énergétique et environnemental de l’énergie est aujourd’hui le point clé pour que se développe une vraie motivation à agir.
L’enjeu d’aujourd’hui est de mobiliser le consommateur final. Pour cela il est nécessaire de mettre le consommateur au cœur de la démarche et de mettre l’innovation au service des offres destinées aux clients et non à la seule technologie.
Pour cela il est nécessaire de réussir les expérimentations engagées pour tester, construire, ajuster la Smart Energie de demain, mais aussi de comprendre quelle seront les motivations des consommateurs finaux, quels seront les leviers pour agir sur leurs comportements afin de construire les offres qui permettront de les impliquer dans le pilotage énergétique.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire le Focus « Smart energy ».
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