Dans une période tendue où chaque investissement doit être justifié, mesurer les apports de la fonction architecture devient indispensable. Séverine Badetz, manager au sein de la practice Transformation SI du cabinet Solucom, en témoigne.
En quoi investir dans la fonction architecture est aujourd’hui clé ?
La tendance des entreprises à s’appuyer et dépendre toujours plus des outils informatiques entraîne une complexité et une criticité croissantes du SI. Il est devenu indispensable pour la DSI d’en assurer une maîtrise globale, pour en garantir l’efficacité et l’agilité. Dans ce cadre, la fonction Architecture a un rôle central à jouer pour garantir cette maîtrise : elle a pour ambition d’améliorer la cohérence du SI et son alignement avec la stratégie de l’entreprise. Rôle clé qui se traduit notamment par une optimisation des processus métiers, une amélioration de la qualité des données, une meilleure maîtrise du SI par la DSI et une meilleure appropriation du SI par les métiers.
Concrètement, quelles sont les armes de l’architecture pour répondre à cet enjeu de maîtrise du SI ?
En premier lieu, je dirais que la fonction architecture a pour ambition de rendre agile le SI. En contribuant à la mise en place de composants réutilisables (techniques ou fonctionnels) et au développement de services d’infrastructure urbanisés, l’architecte permet le développement rapide de nouvelles fonctionnalités dans le SI. Le SI peut ainsi s’adapter plus rapidement aux changements stratégiques et organisationnels, et la DSI devient davantage proactive vis-à-vis des métiers.
Parallèlement, l’architecte œuvre à la rationalisation des composants du SI. Il est en effet essentiel autant que possible de standardiser le patrimoine applicatif et les flux d’échanges, de mutualiser les applications et les infrastructures et enfin d’augmenter le taux de réutilisation des composants du SI…
Enfin, la fonction architecture permet à l’entreprise d’avoir une vision d’ensemble et prospective du SI, propice à la fois à engendrer des économies substantielles dans les projets (diminution de la complexité des projets, réduction des délais conception/réalisation, réduction des coûts d’exploitation…) mais également indispensable pour réduire les risques (obsolescence des composants par exemple).
Est-ce facile de mesurer les apports de l’architecture ?
Non, et c’est là le souci. La maturité des entreprises est relativement faible en matière de pilotage des apports de la fonction architecture. En moyenne, les entreprises ne mesurent que 3 ou 4 indicateurs.
Déterminer les indicateurs adaptés aux enjeux et au contexte de l’entreprise n’est d’ailleurs pas forcément évident. Quelques règles s’appliquent néanmoins systématiquement :
- Les indicateurs doivent évoluer en fonction de la maturité de la fonction architecture : inutile de mesurer « tous » les indicateurs imaginables !
- Les différentes parties prenantes (DSI et métiers) doivent s’accorder sur les modalités de mise en place et le sens des indicateurs.
- Plus un indicateur est simple, meilleure sera son appropriation. Un indicateur trop compliqué à calculer ne sera pas suivi dans le temps.
- La représentation graphique facilite la communication et donc la prise de décision : n’hésitez pas à utiliser des graphiques facilement compréhensibles.
- La mesure des indicateurs doit faire partie d’un processus d’amélioration. Ce qui importe n’est pas tant la valorisation de l’indicateur mais son évolution dans le temps.
L’architecture, comme de nombreuses fonctions transverses de l’entreprise, est contrainte de légitimer son action pour être pertinente. La communication d’indicateurs appropriés constitue un levier indéniable.