Metro, une vraie révolution ?
Après l’énorme campagne de communication déployée par Microsoft depuis quelques mois sur la nouvelle version de l’OS (Operating System) le plus répandu au monde, la sortie de la Consumer Preview de Windows 8 (le 19 février dernier) permet d’en apprécier les nouveautés et d’alimenter le débat sur toutes les problématiques posées par cette nouvelle mouture. Un changement stratégique et ergonomique, annoncé comme le plus important depuis l’avènement de Windows 95.
Pour l’utilisateur, les nouveautés sont de taille, et la plus marquante est certainement la coexistence de deux interfaces : le « Bureau », similaire à Windows 7, et « Metro », orientée vers un usage tactile, pour le web et les applications. Et c’est l’arrivée de Metro qui aujourd’hui fait débat, par le changement qu’il implique dans la manière d’utiliser son poste.
En effet, la suppression du bouton Windows et la philosophie d’utilisation « tablette » vont certainement surprendre la majorité des utilisateurs et la prise en main risque de prendre un certain temps. Et si cette interface a été pensée pour faciliter la consommation d’informations, usage majeur dans la sphère privée, sera-t-elle pour autant adaptée à la production de contenus en entreprise ? Toujours est-il que, malgré l’aide que pourra apporter la généralisation de l’OS dans le monde grand public, toute apparition de Metro en entreprise nécessitera une importante conduite du changement, dont l’ampleur sera fonction de la politique adoptée par l’entreprise (promotion, autorisation ou blocage de l’interface).
Quels changements pour l’entreprise ?
Outre une nouvelle interface, avec Metro arrive aussi une nouvelle génération d’applications, basées sur un nouveau framework (WinRT) et destinées au monde tactile.
En effet, si les applications compatibles Windows 7 devraient également l’être pour le « Bureau » de Windows 8, il sera nécessaire de les repenser entièrement pour les adapter à l’interface Metro. Et si Microsoft a voulu proposer un OS véloce, c’est au détriment de certaines fonctionnalités, comme le non support d’add-ons sur la version Metro d’internet explorer. Cette adaptation, dans laquelle l’entreprise se trouvera confrontée à l’introduction du HTML 5, pourrait constituer un chantier supplémentaire après la difficile migration des applications de XP vers Windows 7. Concernant les éditeurs, très peu d’éléments ont été rendus publics sur leur stratégie, mais ils vont vraisemblablement devoir s’adapter et proposer une version pour chaque « monde ». Parallèlement, le développement vers Metro est aujourd’hui encore très peu documenté.
Mais au-delà de Metro, on retrouve également une meilleure intégration des solutions de connectivité (Wi-Fi Direct, NFC, USB 3.0…), une gestion native du cloud (Microsoft) et de la virtualisation, ainsi qu’une optimisation des performances permettant notamment un démarrage en 8 secondes. On peut noter quelques innovations comme « Windows To Go », permettant d’avoir une version personnalisée et exécutable de l’OS sur une clé USB, et une migration annoncée « transparente pour l’utilisateur » depuis Windows 7. Mais la force majeure de Windows 8 est de proposer un OS unique pour PC et tablettes (et très similaire pour smartphones), à l’heure où l’augmentation des tablettes est inéluctable dans le SI des entreprises (forces de vente, commerciaux, relation client…).
De par son approche moderniste et sa présence en standard sur de nombreux matériels neufs, Windows 8 devrait progresser rapidement sur le marché grand public. Le tout est maintenant de savoir ce qu’il va en être de son adoption par les entreprises. Après l’échec de Vista et le succès toujours grandissant de Windows 7, la version 8 va-t-elle respecter la règle de « une version performante sur deux » généralement constatée au sein des grandes entreprises ?
L’approche « user-centric », une grande nouveauté Microsoft
L’objectif de Windows 8 est également de replacer l’utilisateur au centre de l’environnement de travail. Il lui permettra de retrouver son environnement personnalisé et ses données sur n’importe quel poste grâce à SkyDrive[1], et de télécharger ses applications favorites via la boutique en ligne Windows Store. Tout ceci à travers l’utilisation de son compte personnel Windows Live. Une façon de rassembler les services en ligne Microsoft autour de l’utilisateur, et de normaliser leur usage. En d’autres termes, Microsoft réinvente l’Apple world.
Cette approche « user-centric » pourra nécessiter la revue des modalités d’intégration des machines au sein d’un SI d’entreprise, de par la nécessité de s’authentifier avec un compte personnel. Faudrait-il alors considérer les terminaux Windows 8 comme forme de BYOD[2] ?
Une actualité à suivre de près
De nombreuses questions restent donc ouvertes, et vont encore faire débat dans les mois qui viennent au fil des annonces de Microsoft et des autres grands acteurs. Faut-il migrer vers Windows 8 ? Est-il préférable de migrer au fil de l’eau ou de mettre toutes les applis en conformité Metro avant de migrer ?
À l’heure où les annonces et les spéculations vont bon train, il faudra suivre de près les débats publics d’un côté et les réflexions stratégiques des entreprises de l’autre, afin de savoir qui sera dans le wagon de tête pour migrer vers Metro.