2011 a été une année riche en incidents majeurs, provoquant la plupart du temps une interruption significative de l’activité des entreprises. Du tsunami à la coupure de câble, retour sur quelques incidents marquants de l’an passé…
Quelques incidents majeurs d’indisponibilité survenus en 2011
Dans le domaine des technologies de l’information, l’année passée a connu une médiatisation forte du cloud, notamment vis-à-vis du grand public. Mais elle a également montré quelques limites du « nuage » en termes de disponibilité avec des incidents touchant les acteurs majeurs du secteur tels qu’Amazon, Microsoft ou Google.
2011 a également connu les désormais habituelles, mais ô combien impactantes ruptures de câbles. Notamment celle de Vélizy, en mai dernier, où des fibres ont été coupées lors de travaux du tramway. Un site d’hébergement informatique a été isolé près d’une journée, perturbant ainsi l’activité de grands comptes de la distribution et celle d’un ministère. Non moins insolite, une Géorgienne de 75 ans a coupé la connexion de 3,2 millions d’Arméniens en cherchant du cuivre près de Tbilissi !
Mais de tous les incidents, les catastrophes naturelles sont indéniablement les plus marquantes, par leur gravité et leur dimension parfois inhabituelle : les inondations en Thaïlande et surtout le désastre de Fukushima. Ces catastrophes ont montré les limites des dispositifs de maîtrise des risques, et poussé ces pays à améliorer leur capacité à gérer des crises exceptionnelles.
Un renforcement de la sensibilité des états et des organisations sur le sujet
Le Japon et la Thaïlande ne sont pas les seuls pays qui se sont intéressés à la question. Le sinistre de Fukushima a réveillé l’opinion publique sur le risque nucléaire et incité la très grande majorité des pays exploitant cette énergie à examiner la sécurité de leurs installations. Dans le même courant, l’augmentation des événements naturels pousse de nombreux gouvernements de par le monde à repenser leur gestion des risques majeurs.
Le 3 janvier, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN) a remis au Premier Ministre son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) et révisé ses exigences de sûreté relatives à la prévention des risques naturels (séisme et inondation), à la prévention des risques liés aux autres activités industrielles, à la surveillance des sous-traitants et au traitement des non-conformités.
Plus globalement, l’Union Européenne a, ces dernières décennies, défini des réglementations sur des sujets divers allant de la réglementation sur les substances chimiques (REACH), celle sur l’évaluation des risques d’inondation (2007/60/CE), à celle relative au domaine banque/assurance (Bâle III, Solvency II), etc. Et ces directives sont déclinées en France.
Sur un autre continent, le Maroc conduit un projet de définition d’une stratégie nationale de prévention et de gestion des risques, notamment ceux liés aux catastrophes naturelles. Cette volonté a été confortée par les inondations de mars 2011.
Mais outre ces réglementations, les catastrophes de 2011 poussent à inscrire la gestion des risques dans de nouvelles dimensions.
Des risques à traiter au-delà des frontières habituelles…
Au-delà des frontières géographiques… Les inondations en Thaïlande en témoignent. Si la ville de Bangkok a été globalement préservée (au travers des actions volontaristes menées par le gouvernement), il n’en reste pas moins que des zones industrielles, dans sa périphérie ou dans le pays, ont été sévèrement touchées. Les impacts en termes de production se sont répercutés partout dans le monde, en particulier sur le marché de l’électronique, et notamment sur la production des disques durs professionnels comme grand public (augmentation des prix de 30% à 150% selon les distributeurs).
Au-delà des frontières internes des entreprises… La gestion des risques doit bien intégrer la réflexion sur la continuité des processus avec l’ensemble des acteurs, sans omettre les prestataires et fournisseurs essentiels. C’est ainsi que la pénurie de pièces produites en Thaïlande a poussé un constructeur automobile à revoir sa production à la baisse.
Au-delà des frontières des typologies de risques… La cyberattaque en est une illustration. Il ne s’agit pas de traiter la confidentialité des données qui peuvent être accédées uniquement, en oubliant la disponibilité des services offerts par une DSI, ni l’inverse. Les objectifs de ces attaques étant variés, tous les risques doivent être considérés, de la fuite d’informations et à l’interruption d’activité.
L’approche traditionnelle consistant à traiter les risques de façon indépendante, ce qui pousse bien souvent à les penser dans un cadre restreint, a donc vécu : il convient désormais de bâtir un dispositif global de gestion des risques, sur les processus métiers critiques avec tous leurs enjeux, leurs acteurs et leurs moyens, qu’ils soient en France ou non, basés sur les nouvelles technologies ou non, etc.